La plus grande prison de Suisse romande est sous pression depuis de nombreux mois, en raison notamment d'une réforme carcérale, nommée "Ambition", lancée en avril dernier par le désormais ex-directeur Martin Von Muralt, entré en poste il y a deux ans.
Ce projet qui prévoit une réorganisation du fonctionnement de Champ-Dollon ne plaît pas aux gardiens. Près de 80% d'entre eux s'y opposeraient, selon un sondage révélé par Léman Bleu.
Une réforme critiquée
Les cadres de la prison se sont également mobilisés en juillet dernier en demandant la mise sous tutelle de la prison par l'Etat. Ils dénonçaient la réforme qui engendrerait selon eux d'importants problèmes de sécurité.
Derrière cette plainte émerge un second problème: les relations entre Martin Von Muralt et les cadres de la prison. Ces derniers reprochent à la direction d'être autoritaire et de ne pas les écouter. Face à cette situation, l'Etat a demandé une médiation et un audit sur la mise en oeuvre de la réforme. Les conclusions sont attendues prochainement.
C'est dans ce contexte que Martin Von Muralt a décidé de "passer le témoin", selon la formule choisie dans le communiqué. Contacté par la RTS, l'ancien directeur n'a pas répondu.
En attendant de le remplacer, l'Office cantonal de la détention assurera la supervision d'une direction ad intérim.
Les gardiens surpris
Les gardiens qui ont pris acte de cette démission ne s'y attendaient pas. Le président du syndicat UPCP, Marc Baudat, se dit surpris de la rapidité de cette démission.
Le soulagement mais aussi beaucoup d'interrogations prévalent à l'interne. Maintenant que le directeur est parti, que va-t-il advenir de cette réforme? Les gardiens qui y sont hostiles attendent désormais de voir qui succédera à Martin Von Muralt pour se repositionner sur le projet.
"Pas une crise", pour Mauro Poggia
Interrogé dans l'émission Forum, le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia, en charge du Département de la sécurité, a estimé que "ce n'est pas une crise. Une prison comme celle de Champ-Dolllon, qui a traversé des années très difficiles, a besoin d'une réforme. Une prison, ce n'est pas seulement un lieu où on enferme des gens, c'est un lieu où on les prépare à un retour à la liberté. Malheureusement, cette préparation n'a pas eu lieu correctement depuis des années".
Pour lui, les critiques des agents de détention portent "plutôt sur le rythme qui a été imposé à cette réforme, sur le moment de sa mise en place et sur le manque d'effectifs."
Anouk Pernet/lan