Le PLR et le PDC ont lancé ensemble l'initiative populaire "Pour une gestion durable de la fonction publique", ont-ils annoncé mercredi matin dans le journal Le Temps. Le texte entend modifier la Constitution cantonale de sorte à interdire à l'Etat d'engager du personnel en cas de budget déficitaire.
Or, les budgets présentant des chiffres rouges sont monnaie courante à Genève. Et le moment du dépôt de l'initiative ne semble pas anodin: le canton présentera jeudi son projet de budget 2022, qui s'achemine à nouveau vers un déficit.
Moins de bureau, plus de terrain
Le PLR et le PDC disent vouloir éviter que l'Etat ne creuse sa dette, la plus élevée de Suisse. Ils s'attaquent donc à la hausse de la fonction publique, constante depuis 10 ans, et qu'ils jugent déséquilibrée.
Pour ces partis, il y a trop de personnel administratif et technique, et pas assez sur le terrain, dans les hôpitaux, les écoles ou la police. L'Entente bourgeoise relève ainsi que le nombre d'équivalents plein-temps dans la fonction publique a augmenté près de deux fois plus vite que la population sur les 20 dernières années.
L'initiative propose donc de bloquer les embauches pour pousser l'Etat à réallouer ses ressources à l'interne. Ils estiment par exemple qu'un juriste pourrait travailler pour plusieurs départements à la fois, plutôt que d'embaucher deux personnes différentes.
"Difficile pour un comptable d'enseigner l'allemand"
Concrètement, il s'agirait donc de transférer du personnel d'un département à l'autre en cas de besoin. Une idée qui passe mal à gauche. Pour les députés contactés, il est inimaginable de limiter les effectifs de l'Etat, alors même qu'il doit faire face à des enjeux environnementaux, sociaux et sanitaires importants. En outre, en raison du vieillissement et de l'appauvrissement de la population, il est naturel que les dépenses publiques augmentent plus vite que la croissance démographique, estime Pablo Cruchon, député Ensemble à Gauche.
Par ailleurs, pour le député vert Christian Bavarel, des transferts d'un service à l'autre sont difficilement faisables. "C'est compliqué, il y a des profils extrêmement définis. Vous pouvez difficilement convertir une policière en médecin scolaire. Nous allons avoir besoin de professeurs d'allemand, et je ne suis pas certain que ce soient des ingénieurs en génie civil ou des comptables qui vont pouvoir remplir ce rôle", illustre-t-il.
Le député écologiste concède toutefois que l'Etat devrait modérer ses dépenses. Mais pour lui, cela doit se faire par le biais des départs à la retraite, et ne remplacer que les postes jugés réellement nécessaires.
Anouk Pernet/jop