Il a fallu dix ans pour concrétiser ce projet, a rappelé jeudi lors de l'inauguration officielle Agnès Wahli, directrices des institutions sociales romandes de l'Armée du Salut. La Fondation a rassemblé les 9 millions de francs nécessaires à la réalisation du bâtiment et fera tourner l'infrastructure avec une équipe de 45 collaborateurs pour un budget annuel de 3,9 millions.
On accède au Passage depuis l'entrée du tunnel sous-voie de la rue du Valais par un escalier couvert qui débouche sur une réception et un grand réfectoire baignés de lumière. Le bois clair et les grandes baies vitrées qui donnent sur les voies de maintenance des CFF accentuent cette impression de clarté.
Retrouver de la dignité
Des chambres à deux ou à trois lits se répartissent sur trois étages. Le Passage sera ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Le nombre de nuits est limité à 30 par personne. Un encadrement socio-sanitaire est proposé sur place. "Le Passage a été conçu pour retrouver de la sérénité et la dignité", a relevé Thierry Apothéloz, chef du département de la cohésion sociale.
Le bâtiment se dresse sur une ancienne friche qui appartient au canton. L'Etat octroie un droit de superficie à l'Armée du Salut. Le Passage prendra la suite de l'Accueil de nuit du chemin Galiffe, qui pouvait accueillir 39 personnes. Ce baraquement en bois censé être provisoire tombe en ruine après 67 ans d'utilisation intensive. Il sera détruit prochainement.
Plus de solidarité
Une récente étude de l'Université de Genève a estimé le nombre de personnes obligées de dormir dehors ou de passer la nuit dans une structure d'urgence à environ 730. Cet automne, près de 500 places sont à disposition, en comptant celles proposées par les pouvoirs publics et celles ouvertes par les associations. Les abris PC ne seront pas utilisés cette année pour accueillir les sans-abris qui seront hébergés uniquement dans des locaux en surface.
La Ville de Genève, qui assure l'hébergement d'urgence, demande plus de moyens pour lutter contre le sans-abrisme et davantage de solidarité financière entre les communes. Le Grand Conseil a voté une loi en septembre qui définit pour la première fois la prise en charge des sans-abris. Il reste désormais à fixer ce mécanisme financier dans un règlement d'application.
ats/ther