De nombreux jeunes garçons et jeunes filles osent désormais revendiquer leur sentiment d'appartenance à un genre qui ne correspond pas à celui qui leur a été attribué à la naissance d'après leur sexe.
Et la question de leur accompagnement par les établissements scolaires fait parfois débat parmi les parents et les politiques.
Les parents pas inclus dans la décision
À Genève, une forme de résistance s'organise, notamment parmi certains parents inquiets et parfois désemparés, qui dénoncent le fait de ne pas avoir été consultés et parfois mis devant le fait accompli.
"On a reçu des bulletins au prénom d'un garçon qu'on ne connaissait pas mais qui se trouvait être le nôtre. C'est un peu grotesque", témoigne un parent d'élève, qui a découvert ce changement en ouvrant sa boîte aux lettres.
"On me demande de signer pour mon gosse, mais on ne m'informe pas qu'il a changé de prénom", regrette-t-il.
Facilité d'accès aux traitements
Ce dernier regrette aussi que l'avis de l'école se substitue à un avis médical. "Accompagner la transition sociale d'un élève en acceptant son changement de prénom, c'est valider la transition. Est-ce vraiment le rôle de l'école?", demande-t-il.
Pour alerter les pouvoirs publics, ce parent d'élève a créé il y a deux ans l'Association pour une approche mesurée des questionnements de genre chez les jeunes. Dans un appel signé par plus de 300 personnes, ce collectif dénonce notamment la facilité avec laquelle des adolescentes et les adolescents recevraient des traitements médicaux, en particulier hormonaux.
Pratique légale
En réaction à ses critiques, le Département genevois de l'instruction publique (DIP) rappelle que le rôle des écoles est "d'assurer un cadre sécurisé pour tous les élèves, afin qu'ils puissent évoluer dans les meilleures conditions, quelles que soit leurs difficultés".
Les pratiques sont "en phase d'adaptation", explique encore le DIP pour répondre aux critiques. Mais surtout, sur le plan légal, les écoles ont le droit d'utiliser un autre prénom pour l'élève sans en référer à ses parents s'il ou elle en fait la demande.
Mais ce sujet très émotionnel a désormais un volet politique, car le député PLR genevois Jean Romain demande des explications au Conseil d'Etat.
Le rôle central des parents
Quant aux jeunes transgenres, leurs expériences sont aussi variées que les situations, tantôt positives, tantôt plus compliquées.
Cependant, tous les jeunes rencontrés relèvent le rôle central des parents, mais aussi des associations comme le Refuge ou la Fondation Agnodice, qui les accompagnent dans leur transition à l'école.
Martine Clerc/Katia Bitsch/jop