Après deux ans de travaux préparatoires, les données récoltées en l'espace de cinq semaines serviront dans un premier temps à cartographier en 3D le sous-sol genevois, de 300 à 5000 mètres de profondeur.
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Au total, plus de 210 millions d'enregistrements ont été opérés à l'aide de petits boîtiers oranges appelés "géophones". L'opération est une réussite du point de vue scientifique, a déclaré vendredi devant les médias le conseiller d'Etat genevois Antonio Hodgers. Ces données devront maintenant être traitées et interprétées avant de passer aux étapes suivantes.
Objectif 20%
Mais les Services industriels genevois (SIG) ont déjà annoncé que les résultats "très encourageants" obtenus permettront de mener deux forages exploratoires de moyenne profondeur, sur des lieux ciblés, en 2023 et 2024.
Le but à terme est de pouvoir se chauffer à l'aide du réseau de chaleur souterrain. L'objectif fixé est d'atteindre 20% de la consommation genevoise d'ici 2035. Et l'usage de ces relevés pourrait ne pas se limiter à l'énergie géothermique, relève Nathalie Andenmatten Berthoud, cheffe du projet géothermie à l'Etat de Genève.
Une technologie considérée avec méfiance
En outre, il s'agit d'une campagne pionnière qui pourrait profiter à d'autres cantons à l'avenir, ont souligné les autorités genevoises. Des discussions existent déjà avec Fribourg et Bâle, et d'autres projets, comme à Fribourg ou à Lausanne, pourront capitaliser sur l'expérience acquise au bout du lac.
Mais rien n'est simple en matière de géothermie, d'autant que cette technologie suscite des inquiétudes. À Saint-Gall, notamment, elle avait provoqué des petits tremblements de terre. Dans le Jura, un projet de géothermie profonde a été mis en échec après avoir été dénoncé avec virulence par des opposants inquiets.
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D'ailleurs, la campagne genevoise de prospection a elle aussi suscité quelques mécontentements. Les responsables recensent 56 réclamations reçues sur la hotline dédiée et 44 dégâts potentiels en lien avec le passage des camions de prospection, ainsi que plus d'un millier de vols de géophones et des actes d'incivilités. Mais ce bilan reste acceptable, estime le conseiller d'Etat Antonio Hodgers.
jop avec rl et ats
Un investissement de 15 millions
Le sondage des sous-sols s'est fait grâce à des camions vibreurs qui ont sillonné le canton. Les ondes émises par ces vibrations ont été enregistrées par 21'000 géophones disséminés sur tout le territoire.
Environ 100 téraoctets (To) de données "pertinentes" ont ainsi été amassés. Personne n'avait encore mené, en milieu urbain, une campagne de prospection du sous-sol de cette ampleur dans des délais aussi courts. La participation de la France a ajouté un élément de complexité au processus.
La campagne aura nécessité un investissement de 15 millions de francs, dont 9 millions ont été versés par la Confédération, a indiqué le directeur général des Services industriels de Genève Christian Brunier. En amont, il a fallu obtenir les autorisations de nombreux propriétaires de parcelles.