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Les Verts s'opposent à la nouvelle patinoire genevoise

Conflit autour d'une patinoire à Genève: interview de Thierry Apothéloz
Conflit autour d'une patinoire à Genève: interview de Thierry Apothéloz / Forum / 4 min. / le 29 novembre 2021
A Genève, les députés écologistes ont refusé en commission un crédit d'étude en vue de la construction de la future enceinte du Genève-Servette Hockey Club, a appris la RTS. Ses coûts environnementaux sont jugés trop importants.

Les Verts genevois s'opposent à la future patinoire du Trèfle-Blanc. Selon les informations de la RTS, leurs députés ont refusé début novembre, en commission, de soutenir un crédit d'étude de 11,7 millions de francs pour la construction de cette nouvelle infrastructure de 8500 places. Les écologistes n'excluent pas la possibilité d'en référer au peuple, à moyen terme, si le projet ne change pas.

Infrastructure vitale au GSHC

C'est une épine dans le pied de ce grand projet sportif, devisé à quelque 150 millions de francs. Un projet très attendu après plus de dix ans de discussions. Pour rappel, le taux genevois d'accès à la glace par habitant est le plus faible de Suisse. L'infrastructure est même jugée vitale pour la survie du Genève-Servette Hockey Club en National League.

Le conseiller d'Etat genevois chargé du sport, Thierry Apothéloz, en avait fait l'une de ses priorités à son arrivée au pouvoir, en 2018. Il avait tout repris de zéro avant de soumettre ce crédit d'étude de près de 12 millions de francs au Grand Conseil.

Le crédit a été adopté le 2 novembre dernier par la commission des travaux. Mais sans l'appui des Verts. Un parti pourtant gouvernemental, avec deux conseillers d'Etat sur sept, et qui pèse lourd à Genève, soit environ 20% des voix aux élections les plus récentes. Les deux députés écologistes de la commission ont refusé le crédit aux côtés d'un élu d'Ensemble à gauche, acquis aux mêmes idées.

Décalage avec l’urgence climatique

Deux raisons sont invoquées pour expliquer ce refus. D'abord, le coût d'exploitation de cette future enceinte de 12'000 m2 de surface de glace. Il reste trop peu clair aux yeux des élus verts qui n'hésitent pas à parler de projet "pharaonique". Mais surtout, son coût environnemental est jugé excessif. C'est simple, pour les écologistes, la patinoire du Trèfle-Blanc est en complet décalage avec l'urgence climatique.

La députée verte Adrienne Sordet parle d'un projet "du monde d'avant". Produire de la glace correspond, selon elle, à un "gouffre énergétique conséquent" comparable, en l'occurrence, "à la consommation régulière en eau et en électricité de 12'000 ménages suisses".

Les Verts estiment donc que la patinoire n'est pas un projet prioritaire. Sauf si on y prévoyait de la glace synthétique. Celle-ci ne consomme ni eau ni électricité. Ces arguments sont partagés par la présidente du parti genevois. Contactée par la RTS, Delphine Klopfenstein-Broggini parle d'un projet "presque passéiste". "Les questions environnementales doivent aussi être posées pour les activités sportives ou de loisirs, souligne-t-elle. Et cela, même si c'est impopulaire".

Vers un référendum?

Les Verts genevois vont-ils dès lors lancer un référendum sur ce sujet? Ils se laissent du temps pour décider. A priori, ils ne devraient pas faire appel au peuple spécifiquement sur ce crédit d'étude. Ils se contenteront de voter contre au Grand Conseil. En revanche, ils n'excluent pas de partir en votation populaire si le projet final n'évolue pas vers davantage d'économies d'énergie et de mutualisation de l'espace.

Interrogé lundi soir dans l'émission Forum, le conseiller d'Etat genevois socialiste Thierry Apothéloz regrette la position de ses "cousins" Verts. Il estime que c'est un projet qui fait du sens pour Genève.

"Cela fait dix ans que nous attendons enfin une patinoire. Et cette future patinoire sera exemplaire d'un point de vue énergétique, a-t-il souligné. Nous avons besoin d'infrastructures sportives collectives à Genève. A défaut de cette patinoire, qui est attendue, notre équipe cantonale ne pourra plus être dans le championnat, et l'on prendrait un risque très important."

Raphaël Leroy/jpr

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