L'entrée en matière a été refusée par 59 voix (PLR, PDC, UDC et MCG) contre 40 (PS, Verts et Ensemble à Gauche), mettant fin au débat budgétaire qui était prévu sur deux jours. L'Etat devra donc dès le début 2022 calquer ses dépenses mensuelles sur celles de l'exercice 2021. Ce système dit "des douzièmes provisoires" restera en place jusqu'à l'adoption d'un budget.
La conseillère d'Etat en charge des Finances, Nathalie Fontanet, a mis en garde contre les conséquences concrètes de cette décision sur le fonctionnement des différents départements. En l'état, il faudra renoncer à des nouveaux postes dans l'enseignement, la protection des mineurs, la sécurité ou encore au pouvoir judiciaire, a-t-elle déploré.
Arbitrages en commission des finances
Pour valider des dépenses supplémentaires et obtenir des postes, il faudra à chaque fois aller devant la commission des finances. Il reviendra ainsi aux quinze membres de cette commission, plutôt qu'au plénum de faire des arbitrages, a souligné la ministre des finances. Genève a déjà connu une situation similaire en 2016, où aucun compromis n'avait pu être dégagé pour voter un budget.
Le projet de budget 2022 présenté en septembre affichait un déficit de 460,2 millions de francs. Des prévisions fiscales revues à la hausse avaient ramené ce déficit à 273,8 millions de francs. Le projet de budget prévoyait 364 postes supplémentaires notamment pour répondre aux besoins en matière de formation, de numérique et de sécurité.
"Posture dogmatique" dénoncée à gauche
Après avoir voté un budget 2021 très largement déficitaire (- 846 millions) dans le seul but de garantir une stabilité institutionnelle pour affronter la crise, la droite n'est cette fois pas entrée en matière. "Rien n'a été entrepris depuis par le Conseil d'Etat pour retrouver l'équilibre budgétaire", a critiqué le député PDC Jacques Blondin. L'UDC Eric Leyvraz a fustigé un "Etat bibendum".
Ne voyant aucun accord se profiler pour la suite des débats, notamment sur des amendements visant à réduire les dépenses, la droite a préféré couper court. A gauche, le député socialiste Thomas Wenger a dénoncé cette "posture dogmatique" alors que l'urgence sanitaire, sociale et climatique nécessite un budget pour 2022.
ats/oang
Le personnel de l'Etat dans la rue
En marge de ce débat sur le budget, environ 300 personnes ont manifesté en fin d'après-midi à l'appel du Cartel intersyndical du personnel de l'Etat et du secteur subventionné. Le cortège, où se trouvaient des représentants de l'enseignement, du social, de la police, de l'administration ou encore des étudiants, a défilé dans les Rues-Basses avant de rejoindre la vieille ville.
A la place Neuve, Jean-Luc Ferrière, du Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs, a fustigé la politique de la majorité de droite qui s'attaque aux prestations publiques et aux recettes fiscales alors que le PIB augmente.
"Sans la réforme de l'imposition des entreprises, qui coûtera 350 millions de francs en 2022, et la facture de la pandémie de 180 millions, le budget serait excédentaire", a-t-il déclaré.