A Genève, l'IMAD effectue chaque jour près de 8000 prestations à domicile et prend en charge 18'000 patients par an, une surcharge de près de 10% par rapport à 2020, selon l'institution.
Invitée de La Matinale vendredi, sa directrice Marie da Roxa en explique les raisons: "Chaque vague a sa particularité et celle-ci frappe extrêmement durement le secteur ambulatoire (...) la raison est fort simple, c'est la rançon du succès de la vaccination. Les personnes vaccinées peuvent tomber malades mais elles développent des symptômes beaucoup moins graves, qui ne nécessitent pas une hospitalisation et on ne peut que s'en réjouir (...) par contre, le corollaire, c'est qu'elles sont malades à domicile, avec des besoins en soins et en accompagnement."
Une accumulation de problématiques
Le Covid-19 est bien entendu une nouvelle problématique, mais selon l'IMAD, il n'a fait que s'ajouter à des réalités bien présentes qui pesaient déjà sur le secteur.
"Il y a une accumulation en lien avec les 20 derniers mois sur lesquels il a fallu développer un dispositif Covid à domicile, mais aussi le fait que c'est le trend normal de vieillissement de la population, du développement des maladies chroniques qui explosent (...) je rappelle que plus de 50% des personnes qu'on traite ont plus de 80 ans, ce qui nécessite des soins de plus en plus complexes", explique Marie da Roxa.
Et d'ajouter: "Avec la diminution drastique des moyennes de séjour en hôpital, les patients qui reviennent à domicile ont aussi des besoins beaucoup plus élevés que par le passé."
Pourtant, la directrice genevoise de l'IMAD, tout comme le reste du secteur, ne remet pas en cause la stratégie. Elle estime que "dans le cadre du soin à domicile", l'essence du métier est justement d'être "un rempart à l'hospitalisation".
Davantage de reconnaissance
Pas de demandes particulières donc, mais un rappel et une envie de reconnaissance pour des acteurs d'un deuxième cercle de soins souvent oublié dans cette pandémie.
"Dans tous les soins de santé, la pénurie professionnelle est dramatique et les soins à domicile ne font pas exception. Les travailleurs de l'IMAD sont fatigués, on leur en a demandé beaucoup et ils ont donné beaucoup (...) le rôle des soins à domicile est peu connu alors il faut être attentif à ne pas être dans une véritable situation de saturation dans l'ambulatoire. Il faut sensibiliser la population, les patients, les proches et les partenaires, sur le fait qu'on fait le maximum. Mais aussi, que si la situation se péjore, il faudra qu'on prenne ensemble des décisions pour pouvoir assurer l'essentiel et la continuité des prestations", conclut Marie de Roxa.
Contactées par la RTS, les associations de soins à domicile fribourgeoise et vaudoise partagent le même constat et estiment que toute l'attention est portée sur les soins intensifs et qu'on oublie trop souvent les prestations à domicile.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Tristan Hertig