Modifié

Un inspecteur de la brigade criminelle genevoise interpellé pour viol

Genève: un policier sous enquête pour viol continue d’exercer comme inspecteur (vidéo)
Genève: un policier sous enquête pour viol continue d’exercer comme inspecteur (vidéo) / Forum / 3 min. / le 2 février 2022
A Genève, un agent de la police judiciaire a été appréhendé, la semaine dernière, à son domicile par la police des polices, a appris la RTS. Accusé d'agressions sexuelles par une connaissance, il clame son innocence. Malgré la procédure, il peut continuer à travailler.

Un inspecteur de la brigade criminelle genevoise se retrouve au cœur d'une affaire de viol, a appris la RTS. L'homme a été interpellé, mardi 25 janvier, à son domicile par la police des polices. Il est accusé d'agressions sexuelles et a été entendu par le procureur général, Olivier Jornot, qui avait délivré un mandat d'amener.

Grande discrétion

L'affaire est sensible. Elle fait l'objet de précautions toutes particulières. Pour preuve, l'interpellation de cet inspecteur, la semaine dernière, n'a pas été communiquée à la commandante de la police genevoise, Monica Bonfanti. Ni au département de tutelle des forces de l'ordre.

Les agents de l'Inspection générale des services (IGS), la police des polices, ont cueilli cet agent chez lui, au petit matin, dans la plus grande discrétion. Son téléphone a été saisi. Le trentenaire a ensuite été cuisiné durant trois bonnes heures au poste. Avant d'être entendu par Olivier Jornot, qui ne commente pas ce cas particulier. Selon les renseignements de la RTS, l'homme a été relâché moyennant des mesures de substitution, comme une interdiction de rentrer en contact avec des protagonistes de l'affaire.

Faits anciens

L'inspecteur de la Brigade criminelle, qui a des antécédents d'alcool au volant, est accusé d'avoir agressé sexuellement une de ses connaissances lors d'une soirée arrosée entre amis. Les faits datent de début 2019. Mais cette femme n'a porté plainte que récemment. Elle l'accuse de viol, de contrainte sexuelle et de violation de domicile.

Le prévenu, qui est présumé innocent, conteste ces allégations et clame son innocence. Son avocat, Me Robert Assaël, affirme que son client "est choqué par cette récente plainte, calomnieuse et fantaisiste, pour des faits datant d'il y a trois ans". Il explique: "Ce soir-là, il y a eu un rapprochement entre eux, toutefois, sans relations intimes. La plaignante était active et consentante. Je me battrai pour que mon client soit blanchi et que son honneur soit rétabli."

SMS troublant

La procédure est complexe car il s'agit pour l'instant d'une parole contre une autre. Toutefois, un élément matériel risque d'avoir son importance. Il s'agit d'un SMS envoyé par la plaignante au prévenu, le lendemain des faits. Selon les informations de la RTS, elle lui confie avoir mal vécu les événements de la veille. Elément à charge? Ou épiphénomène, sachant que l'agent de police n'a jamais effacé ce SMS potentiellement compromettant de son téléphone? L'enquête le dira.

En attendant d'autres actes d'instruction, l'inspecteur a pu reprendre son poste au sein de la Brigade criminelle dès la fin de la semaine dernière. Il s'est d'ailleurs fendu d'un mail à sa hiérarchie pour expliquer qu'il s'agissait d'une affaire privée. Ce retour au travail a pu s'effectuer car, comme expliqué auparavant, la commandante Monica Bonfanti n'a pas été mise au courant de cette interpellation. L'agent ne peut donc pas être suspendu par exemple, comme cela fut le cas de plusieurs policiers impliqués dans une récente affaire de mœurs aux Pâquis.

Exemplaire en tout temps

"Lorsqu'une plainte est déposée contre un policier, l'IGS est mandatée par le Ministère public et rend uniquement compte à cette autorité", rappelle la police genevoise. "Le Ministère public a, à tout moment de la procédure, toute latitude pour informer la direction de la police d'éléments permettant de traiter l'éventuel volet administratif de l'affaire, qui comprend, notamment, la suspension du collaborateur et/ou l'ouverture d'une procédure administrative."

Pour rappel, la Loi sur la police à Genève stipule que le personnel des forces de l'ordre doit être exemplaire "en tout temps". Y compris dans sa vie privée.

Raphaël Leroy

Publié Modifié