Désormais, 55 sans-abris peuvent trouver refuge au Temple de la Servette. Même si la demande reste forte, pour Jean-Claude de Castro, membre du conseil de la paroisse protestante de la Rive droite, c'est mieux que rien.
"Nous sommes contents que les services des autorités sanitaires aient pu remonter cette jauge. Nous lui faisons confiance dans son évaluation", salue-t-il.
Certains soirs, ce sont près de 75 sans-abris qui viennent y trouver refuge. Cette nouvelle jauge de 55 personnes reste donc insuffisante pour faire face à cet afflux. Conséquence: mardi soir, 5 personnes ont dû être renvoyées, une situation qui crée des tensions difficiles à gérer pour la Caravane sans frontières, l'association qui gère le lieu.
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Pour Aurélien Fontanet, membre du comité, les cinq dernières semaines avant la fermeture du temple s'annoncent difficiles. "Clairement, on est inquiets, l'hiver est encore là. On va voir si le plan qu'on a appliqué ne provoque pas trop de débordements et on espère trouver des solutions", déclare-t-il.
Partage des responsabilités
Pour la Caravane sans frontières, il faut que tous les acteurs politiques se saisissent de cette problématique, et au plus vite. Contactée, la Ville de Genève assure que d'importants moyens financiers pour les sans-abris sont mobilisés. Mais impossible de porter seule cette politique publique: la ville attend que les communes genevoises participent à l'effort collectif.
Des discussions sont d'ailleurs en cours. Une solution commune avec la ville devrait être trouvée d'ici le printemps.
Gabriela Cabré/kkub
2200 sans-abri en Suisse
On estime à 2200 le nombre de sans-abri en Suisse et à environ 8000 le nombre de personnes risquant de perdre leur logement, selon une étude réalisée sur mandat de l'Office fédéral du logement.
La réalité des sans-abri touche principalement les grandes villes et agglomérations, indique cette étude basée sur un sondage dans 22 cantons auprès de 616 communes.
Cette estimation est toutefois largement sous-évaluée, a réagi dans Forum Alain Bolle, directeur du Centre protestant genevois. Ce dernier se réfère à des données publiées en mars dernier par l'université de Genève faisant état de quelque 700 sans-abris alors pour le seul canton du bout du lac.
La surconsommation, l'endettement et les problèmes de drogue sont souvent avancés comme causes de ces difficultés à se loger. Il y a aussi des facteurs sociaux et d'autres liés à la migration.
Les cantons et les communes reconnaissent que la lutte et la prévention dans ce domaine relèvent de l'Etat. Mais les réponses au phénomène sont très variables, notamment parce que le dossier est souvent attribué à différents départements selon le canton ou la commune.
La situation des sans-abri a peu été étudiée en Suisse, ce qui explique le manque de données de base. Les auteurs de l'étude recommandent de remédier à cette lacune. Ils conseillent de recenser et de définir plus clairement le "sans-abrisme" sous ses diverses formes et de créer un cadre de référence national. (ats)