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Les autorités genevoises inquiètes pour le Château de Bellerive, racheté par une riche héritière kazakhe

Le Château de Bellerive, joyaux du patrimoine genevois
Le Château de Bellerive, joyaux du patrimoine genevois / 19h30 / 3 min. / le 16 février 2022
Dans le canton de Genève, la nouvelle propriétaire du Château de Bellerive, la fille de l'ex-président kazakh, veut entreprendre des travaux de rénovation. Cette décision crispe les autorités cantonales de protection du patrimoine, qui sont sur le point d’ouvrir une procédure de classement du site, a appris la RTS.

Avec son architecture du XIIe siècle, sa vue imprenable sur le Jura et son parc plongeant jusqu'au lac, le Château de Bellerive est un des joyaux du patrimoine genevois.

Il y a deux ans, Dinara Kulibayeva, fille de l'ex-président kazakh Nazarbaïev, rachète le domaine pour 106 millions de francs, une somme record dans le canton. La propriété s'ajoute à celle que l'héritière possède déjà à Anières, quelques kilomètres plus loin. Elle compte vendre cette villa pour s'installer au Château. Mais avant de déménager, elle souhaite le rénover et le mettre à son goût.

Le projet architectural agite toutefois les autorités cantonales. Une procédure de classement du château est sur le point d'être ouverte, a appris la RTS. Il s'agit de la protection légale la plus contraignante possible.

Énormes travaux de rénovation

D'importants travaux de rénovation sont nécessaires pour remettre en état la bâtisse construite en 1666 par le Duc de Savoie et qui était à l’origine un grenier à sel. Mais d’après les informations de la RTS, une piscine intérieure et un parking souterrain figuraient aussi sur les premiers plans présentés par les architectes engagés par Dinara Kulibayeva.

Dans la Feuille d’avis officielle genevoise, les premières requêtes en autorisation de construire se multiplient depuis quelques semaines. Elles concernent notamment l'abattage d’une trentaine d’arbres, la réfection du port privé du domaine et la rénovation de la toiture et de la charpente.

Pendant des années, le Château était entre les mains de Saddrudin Aga Khan, ex-Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés et fervent défenseur du patrimoine. D’après plusieurs experts, architectes et historiens, le domaine n’était alors pas jugé menacé, ce qui explique pourquoi il n'a jamais été classé malgré son inscription à l’Inventaire des biens culturels d’importance de la Confédération.

Un regard très attentif

En procédant au classement du domaine, la Commission des monuments, de la nature et des sites compte maintenant avoir un regard très attentif sur les travaux à venir et recadrer le projet architectural. De l’entretien ordinaire à la transformation, tout devra faire l’objet d’un préavis.

Erica Deuber Ziegler, membre de la Commission, explique dans le 19h30 que "la propriétaire veut nécessairement une mise aux normes de ce qu'elle est en droit d'exiger en terme de confort. Il va donc y avoir des négociations pour savoir ce qu'il est possible de concéder ou pas. (…) On sent déjà que ses exigences vont à l’encontre de ce qu’on doit prendre en considération en tout premier lieu dans une telle rénovation, c’est-à-dire la typologie et la substance historique du bâtiment."

Dinara Kulibayeva n’a pas répondu aux sollicitations de la RTS, mais son avocat Jean-Christophe Hocke rassure sur ses ambitions: "La construction de certaines dépendances est évaluée. Le cas échéant, elles feront l’objet de constructions indépendantes n’impactant pas le Château, ni son emprise. (...) Les travaux prévus ont pour objectifs de pérenniser une bâtisse historique et d’en préserver sa valeur patrimoniale."

Les discussions entre l’héritière kazakh et les autorités cantonales s’annoncent intenses. Les travaux ne devraient pas commencer avant 2023.

Flore Amos/asch

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