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En crise, le postobligatoire genevois perd sa tête

Le siège du DIP genevois, à la rue de l'Hôtel-de-Ville. [Google Street View]
A Genève, le directeur du département de l'instruction public est désormais en arrêt-maladie / La Matinale / 2 min. / le 23 février 2022
A Genève, le directeur général de l'Enseignement secondaire II est en arrêt-maladie, a appris la RTS. L'homme est au coeur de vives tensions avec les collèges du canton. C'est une nouvelle embûche pour la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta, déjà éclaboussée par le scandale du foyer de Mancy.

Le malaise dure depuis bientôt deux ans au sein du postobligatoire genevois, dont dépendent notamment les 11 collèges de Genève. Et la situation ne semble pas s'améliorer. Le directeur général de l'Enseignement secondaire II est en arrêt-maladie depuis le début du mois, a appris la RTS.

Cette situation n'est pas anodine: l'homme est au coeur de vives tensions en interne. Il fait l'objet d'une fronde depuis le début de la crise sanitaire. Les directrices et directeurs de collèges lui reprochent un certain autoritarisme. Ils et elles dénonçaient, en 2020 déjà, une "maltraitance institutionnelle". Un audit externe avait été lancé l'an dernier. Il a abouti à des mesures d'accompagnements. Mais qui n'ont, semble-t-il, pas complètement porté leurs fruits.

Certaines sources affirment que le congé prolongé du haut-cadre est lié à ce contexte explosif. D'autres avancent des problèmes d'ordre privé. Le Département de l'instruction publique (DIP), lui, confirme son absence "pour raison de santé". Sans en dire davantage.

Avalanche d’absences

Cet arrêt-maladie intervient après une succession de cas récents au sein du postobligatoire. L'an dernier, trois directeurs de collège avaient été en congé-maladie. Durant l'été, c'est un directeur de service qui s'est mis à l'arrêt après un conflit avec sa hiérarchie. Et plusieurs sources concordantes ont signalé à la RTS l’existence de deux absences supplémentaires au sein de la direction générale de l'Enseignement secondaire II (DGESII), en plus de celle du numéro un.

Cela fait beaucoup pour une structure qui vit une crise depuis près de deux ans. Rappelons que la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil genevois s'est elle aussi emparée de l’affaire. Un rapport devrait bientôt être publié, selon les informations de la RTS.

"De manière générale, la fin de la période de Covid révèle des fatigues extrêmes chez les collaborateurs des services de l'Etat les plus exposés à la crise. La DGESII en fait partie", explique le porte-parole du DIP, Pierre-Antoine Preti, sans confirmer l’existence de deux cas supplémentaires de congé-maladie. Le défaut de budget pour 2022 n’arrangerait rien non plus.

Inquiétude du personnel

Reste que cette situation alarme le personnel enseignant. Le vide qui prévaut désormais en haut de la pyramide interroge sur le devenir des relations, déjà orageuses, entre la direction du postobligatoire et les collèges genevois. Mais ce n'est pas tout.

Les enseignants et les directions d'établissements doivent faire face à trois réformes d'importance. Elles touchent l'Ecole de culture générale, les écoles de commerces et, à terme, les collèges. L'absence au sommet de la hiérarchie complique leur mise en oeuvre, confie-t-on à la RTS.

"Les dossiers (du directeur général de la DGESII, ndlr) ont été répartis entre les membres du conseil de direction", précise le DIP. Cette situation constitue néanmoins un souci supplémentaire pour la ministre de l’instruction publique genevoise. Anne Emery-Torracinta est en effet la cible d'une pluie de critiques sur le scandale de maltraitances au foyer spécialisé de Mancy.

Raphaël Leroy

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