Négligences, manque de transparence, rupture de confiance. Cette fois, ce sont les centres de jour qui sont pointés du doigt.
>> Lire : Après Mancy, le foyer genevois de Clair-Bois est accusé de maltraiter ses résidents
Une demi-douzaine de parents d'enfants autistes scolarisés dans ces écoles spécialisées font état de dysfonctionnements plus ou moins graves. Ils dénoncent des négligences, mais aussi une prise en charge inadéquate de l'Office médico-pédagogique (OMP), qui gère ces centres à Genève. Mais leur colère est principalement dirigée contre l'institution et non contre le personnel, dont ils reconnaissent les qualités pour une grande partie.
>> Lire aussi : Perquisition et arrestations au foyer de Mancy, le PLR demande des comptes à Anne Emery-Torracinta
Enfants mal alimentés
Ainsi, les besoins particuliers de ces enfants ne seraient pas suffisamment pris en compte, contrairement aux Hôpitaux universitaires ou aux écoles privées où l'approche serait plus souple.
L'institution est jugée particulièrement rigide, notamment au moment des repas. Plusieurs parents dénoncent le refus de prendre en compte les régimes spécifiques de leurs enfants. Deux d'entre eux ont été privés de nourriture au point d'en faire un malaise.
C'est le cas de cette fillette, qui ne mange que cinq aliments et ne boit que dans des gourdes spécifiques. A défaut, elle n'a quasiment rien mangé pendant trois semaines, selon ses parents. "On nous a interdit de lui amener des repas. Un jour elle est arrivée à la maison, elle est devenue toute blanche puis elle est tombée dans les pommes. Elle était complètement déshydratée et sous-alimentée", raconte son papa mardi au micro de la RTS.
Le second enfant, incapable de verbaliser son besoin de manger, aurait été privé de nourriture pendant une journée entière.
Enfin, pour un troisième, c'est son régime alimentaire qui n'aurait pas été pris en compte. Pour éviter des inflammations stomachales, ses parents avaient mis en place une alimentation sans sucre raffiné, que le centre médico-pédagogique n'a pas appliqué. Pour eux – et certains médecins – un régime alimentaire adapté permet de diminuer l'apparition de certains symptômes autistiques.
>> Lire aussi : Des risques institutionnels déjà identifiés au Foyer de Mancy (GE), selon un ex-cadre
Prise en charge "insuffisante"
A cette rigidité s'ajoute un manque de transparence, selon les parents qui se sentent mis à l'écart, voire parfois accusés de maltraitance. A l'image de Catherine Bourgeois-Ischy, qui en a fait la pénible expérience. "Nous avons constaté que notre fils avait des bleus, personne ne nous a dit ce qu'il se passait. L'information – une camarade violente le battait - est venue des conducteurs de bus. On nous a d'abord accusé d'être à l'origine de ces blessures."
D'autres mésaventures de son enfant auraient tardé à lui être communiquées. Comme cette fois où, faute d'avoir assez mangé, son fils se serait servi dans le compost...
Pour son époux, Didier Ischy, l'institution souhaite vraiment les écarter. "On n'a pas le droit de venir chercher les enfants ni les déposer. Déjà là, on comprend que les parents dérangent", soupire ce diplômé en science de l'éducation.
La prise en charge serait insuffisante et conduirait à une école où on ne progresse pas, selon lui. "Chaque enfant nécessite une approche différenciée, or ils sont tous traités de manière globale, comme une classe. Les professionnels n'ont pas d'autre choix que faire du gardiennage."
>> Lire aussi : Des députés genevois vont enquêter sur le Foyer pour autistes de Mancy
Confiance brisée
Résultat, un manque de confiance croissant, allant parfois jusqu'à la rupture. Comme ce père qui a retiré sa fille d'un établissement public. Mais tous n'en ont pas les moyens: il affirme payer 60'000 francs par an pour une prise en charge à 100%.
Face à ces témoignages, la RTS a tenté de contacter le Département de l'instruction publique (DIP) qui a répondu par une fin de non-recevoir. Il réserve ses réponses pour la présentation des conclusions d'un audit sur le foyer de Mancy qui sera divulgué jeudi.
>> Lire aussi : Quelle prise en charge des personnes autistes en Suisse romande?
Mohamed Musadak/hkr