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L'écriture inclusive bannie de l'administration par le Grand Conseil genevois

Le Grand Conseil genevois en session (image d'illustration). [Keystone - Martial Trezzini]
Le Grand Conseil genevois bannit l’écriture inclusive dans les textes de l’administration cantonale / Le 12h30 / 1 min. / le 18 mars 2022
Le Grand Conseil genevois a approuvé jeudi soir une motion visant à bannir certaines formes d'écriture inclusive des textes publiés par l'administration cantonale. Si le sujet est très émotionnel, cette décision est pourtant relativement anecdotique.

Le législatif genevois emboîte donc le pas du Valais, qui a voté un texte similaire en juin dernier. Mais la portée de cette motion émanant du PLR et de l'UDC est relativement limitée. Elle ne concerne que certaines pratiques rédactionnelles, telles que l'emploi d'une barre oblique, de tirets ou de points médians.

L'usage des doublets, comme par exemple "les citoyens et citoyennes", ou de formulations épicènes reste parfaitement autorisé. Mais pour le député UDC Stéphane Florey, auteur de la motion, cette petite victoire représente déjà un coup d'arrêt aux "dérives égalitaires" de la gauche genevoise. Selon lui, l'écriture inclusive est "une aberration totale", car elle est "totalement illisible". "Je défie quiconque à lire des points, des tirets ou des parenthèses à chaque mot", argue-t-il.

Pour la rapporteuse de la commission Céline Zuber-Roy (PLR), l'écriture inclusive porte atteinte à "l'identité de la langue". Elle estime aussi qu'elle aurait un impact sur "l'accessibilité des textes", en particulier pour les personnes non francophones ou celles souffrant de troubles "dys".

"Gesticulations"

Du côté de l'opposition au texte, la gauche a voté contre en bloc. Une question de principe et de symbole en faveur de l'égalité, et contre la mise en place d'une "police de la typographie". Mais la députée écologiste Dilara Bayrak relativise: "C'est juste de la gesticulation pour faire plaisir aux populations qui sont contre l'écriture inclusive", sourit-elle.

Elle rappelle qu'un projet de loi a été voté en mars 2021 pour "démasculiniser" la législation. À l'époque, la commission législative avait déjà posé comme condition que cette nouvelle disposition n'entrave pas la lisibilité des lois. L'UDC s'y était déjà opposée, jugeant le projet de loi inutile, car "la démarche est déjà faite par l'administration".

Par ailleurs, les différentes formes d'une typographie inclusive avaient déjà été proscrites par les services de l'administration, via une directive, pour des raisons de lisibilité. "On voit bien que cette motion n'avait pas d'enjeu en tant que telle", estime donc Dilara Bayrak.

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mm/jop avec ats

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