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Genève souhaite plafonner le prix des courses de taxis

GE: Une nouvelle réforme des taxis fâche les professionnels à Genève
GE: Une nouvelle réforme des taxis fâche les professionnels à Genève / 12h45 / 2 min. / le 6 mai 2022
L'idée de plafonner le prix des courses de taxis prend forme du côté de Genève, a appris la RTS. Le Conseil d'Etat souhaite appliquer des tarifs forfaitaires depuis l'aéroport, la plus grande station du canton. La loi autorise une extension à d'autres tronçons. Les montants envisagés, bien en dessous des prix actuels, indignent au sein de la branche.

D'après ce projet de nouveau règlement d'application de la loi sur les taxis – adoptée fin janvier mais toujours pas en vigueur - mis en consultation mercredi, un trajet en taxi au départ de l'aéroport de Cointrin, la plus grande station de taxi du canton, vers les quartiers des Eaux-Vives ou de Champel, de l'autre côté de la rade, ne coûterait plus que 30 francs. Il faudrait compter 20 francs pour se rendre à la Place des Nations et 25 francs pour gagner la gare ou une autre destination du centre-ville de la rive droite.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la pilule ne passe pas auprès des chauffeurs, en particulier les indépendants. Ceux-ci ne peuvent pas compter sur une centrale d'appel et doivent souvent faire le pied de grue devant les stations fréquentées. Ils reprochent deux choses à ce projet: une atteinte à leur indépendance et des prix envisagés bien trop bas.

Chauffeurs en colère

"D'une façon générale, comme on est indépendants, ils ne peuvent pas nous imposer ce genre de restrictions", proteste dans La Matinale Gabrielle Le Goff, présidente de l'Union des taxis genevois. "Déjà que les prix n'ont pas changé depuis 20 ans, alors que les charges ne font qu'augmenter... On ne sait pas comment on va pouvoir vivre avec ces prix forfaitaires", poursuit-elle.

Actuellement, une course entre l'aéroport et la gare coûte en effet 30 francs, au lieu des 20 francs prévus dans la première version du règlement. C'est aussi moins cher qu'un trajet Uber.

De son côté, l'entreprise Taxiphone, qui rassemble plus de la moitié des véhicules du canton, n'est pas contre le principe des courses à forfaits. Elle estime en revanche que les prix doivent être augmentés, et que ces courses doivent se faire sans compteur. "Sinon, le chauffeur serait toujours perdant", soupire Cédric Bouchard, directeur de la centrale d'appel.

D'autres forfaits possibles selon la loi

La cheffe du département de l'Économie Fabienne Fischer dit entendre ces critiques et assure qu'une commission consultative reverra ces tarifs régulièrement, pour que les taxis y trouvent enfin leur compte. La conseillère d'Etat rappelle toutefois que le principe de fixer un montant maximal pour une course existe déjà dans la loi.

>> Ecouter l'interview de Fabienne Fischer :

Fabienne Fischer, conseillère d'État genevoise à l'économie et à l'emploi, le vendredi 17 septembre 2021 à Genève. [KEYSTONE - Martial Trezzini]KEYSTONE - Martial Trezzini
Plafonnement du prix des taxis à Genève: interview de Fabienne Fischer / La Matinale / 1 min. / le 5 mai 2022

"Ce que le règlement doit préciser, ce sont les zones de départ et d'arrivée qui sont concernées par ces plafonnements", explique-t-elle. "On attend maintenant les prises de positions des professionnels et des usagers pour décider des tarifs qui seront fixés dans le règlement."

Le Conseil d'Etat souhaite que la loi et son règlement d'application entrent en vigueur au 1er juillet, mais ses projets seront peut-être contrariés, car des recours sont d'ores et déjà envisagés.

>> Le sujet de Forum sur les taxis électriques :

Faut-il imposer la voiture électrique aux taxis?
Faut-il imposer la voiture électrique aux taxis? / Forum / 7 min. / le 5 mai 2022

Mohamed Musadak/jop

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Les taxis passeront au tout électrique d'ici 2030

La nouvelle loi sur les taxis et voitures de transport avec chauffeur introduit des exigences radicales en matière d'émission de CO2. Dès 2030, elles seront bannies. Tous les chauffeurs devront se munir d'un véhicule électrique pour obtenir une autorisation d'exercer. Là encore, cette mesure passe mal auprès des professionnels du transport. D'autant que le calendrier pour y parvenir est rapide.

Dès 2024, toutes les voitures ne devront pas dépasser l'étiquette-énergie D (l'étiquette-énergie est un outil de classement des véhicules selon leur consommation de carburant). Et dès 2027, elles devront toutes être en catégorie A, la moins émettrice de CO2.

Un rythme jugé bien trop rapide par les chauffeurs. "On comprend les contraintes liées à l'écologie, mais on ne prend pas en compte celles des chauffeurs", regrette Gabrielle Le Goff, présidente de l'Union des Taxis genevois. "La plupart des chauffeurs ont des grands véhicules qui ne répondent pas aux normes. Qu'est-ce qu'on fait pour ceux qui viennent de prendre un leasing pour des montants élevés?"

Fabienne Fischer, conseillère d'Etat chargée de l'économie, rappelle que ces exigences sont inscrites dans la loi et qu'elles sont le fruit d'un large consensus. "On ne pourra pas y déroger", assène-t-elle. Quant au calendrier, elle le juge raisonnable: "D'ici 2030 ou 2027, un chauffeur a bien le temps d'amortir l'investissement de son véhicule, il faut désormais aller de l'avant."