La manifestation était organisée par le collectif "Engageons les murs". Outre la culture du viol, cette association condamne aussi toute forme d'oppression sexiste, de classes, liée au physique, à l'origine ou à la religion.
Depuis la dernière édition de "Marche des salopes", aussi appelée "Slutwalk Reborn", en 2018, le féminisme a changé. Cette marche s'inscrivait donc "dans une perspective intersectionnelle", qui prône la convergence des luttes.
L'idée est d'accueillir des catégories de personnes qui étaient, peut-être, exclues par le passé comme les personnes trans, les travailleurs et travailleuses du sexe ou encore les personnes obèses.
Ne plus manifester seins nus
Cette évolution entraîne de nouveaux questionnements. Les organisatrices avaient, par exemple, appelé à réfléchir avant de manifester torse ou seins nus, un comportement qui est devenu un symbole des manifestations du féminisme radical et qui est associé à "La marche des salopes".
Mais pour "Engageons les murs", il pourrait mettre mal à l'aise d'autres manifestantes comme des personnes trans ou religieuses, ou d'autres pour qui manifester seins nus représente une violence. "Cet outil est libérateur pour certaines personnes, mais oppressif pour d'autres", ont expliqué les organisatrices. Le message semble avoir passé, puisqu'elles étaient rares à manifester torse nu samedi après-midi dans les rues de Genève.
En défilant, les personnes qui se sentent discriminées peuvent se réapproprier la rue, un espace qui se révèle "hostile, surtout pour les minorités de genre", souligne le collectif. Avant de s'élancer sur le bitume, les manifestantes ont lancé un grand cri, une façon, pour elles, d'extérioriser leur "rage" et leur "souffrance."
Un mouvement moins politique
Même si la Grève féministe est devenue annuelle, pour les organisatrices de "La marche des salopes", une manifestation par mois ne serait pas de trop pour faire bouger les lignes. Mais l'idée est aussi d'être complémentaire.
L'objectif de cette mobilisation est de dénoncer la culture du viol, qui consiste à invisibiliser les violences sexistes et à déculpabiliser leurs auteurs. La marche des salopes ne s'empare pas de questions politiques, contrairement à la Grève féministe. Les partis politiques et leurs drapeaux n'étaient d'ailleurs pas les bienvenus samedi après-midi à Genève.
Anouk Pernet/vajo avec ats