Quel impact le scandale de Mancy aura-t-il sur la réforme du cycle d'orientation genevois?
Le scrutin sur la réforme du cycle d'orientation pourrait-il se transformer en un vote sanction contre Anne Emery-Torracinta? La question se pose chez les partisans du texte, dans le propre camp de la conseillère d'Etat socialiste. Parmi le corps enseignant, qui est divisé sur ce vote, certains espèrent même que le scandale du foyer de Mancy donnera un coup de pouce pour couler le projet.
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Car l'affaire a égratigné l'image de la magistrate, qui a régulièrement fait la une depuis janvier. Les révélations sur les maltraitances au foyer de Mancy pour enfants autistes ont été le point de départ. S'en sont suivies des enquêtes sur d'autres établissements. Plusieurs questions ont alors été soulevées: à quel moment Anne Emery-Torracinta a-t-elle été informée de ces dysfonctionnements? A-t-elle réagi assez rapidement? Y a-t-il un manque de confiance au sein de son département?
Même si entretemps un audit a estimé que la responsabilité reposait davantage sur les directions des offices que sur la ministre, certains jugent, officieusement, qu'à leurs yeux le mal est fait pour une partie de l'opinion publique et que tout ce qui a trait à la conseillère d'Etat est désormais sensible.
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Un projet collectif
Interrogée par la RTS, Anne Emery-Torracinta répond qu'il est normal que l'affaire de Mancy ait "ébranlé". Mais elle rappelle que la votation du 15 mai concerne l'école genevoise. "Ce projet est porté par beaucoup de monde", souligne-elle. Un groupe d'accompagnement politique a collaboré sur le projet et cinq partis sur sept au Grand Conseil le soutiennent. Une partie des enseignants sont tout à fait favorables, tout comme l'association de parents qui a participé au travail."
Ce projet est porté par beaucoup de monde. Un groupe d'accompagnement politique a collaboré sur le projet et cinq partis sur sept au Grand Conseil le soutiennent.
L'argument du travail de groupe est aussi avancé par le député socialiste Emmanuel Deonna. La ministre est une protagoniste importante, mais elle n'est pas la seule à porter la réforme. Il n'y a donc pas besoin de soutenir la conseillère d'Etat pour soutenir la réforme, souligne-t-il.
Pour le président du PLR genevois Bertrand Reich, qui est opposé à la réforme, les votants se concentreront sur le fond et pas sur la personnalité d'Anne-Emery Torracinta.
Mais certains élus observent quand même des signes de réticence. Le PLR Pierre Nicollier entend des doutes de la part des parents vis-à-vis du Département de l'instruction publique. Selon lui, les récentes difficultés du département ont mis à mal sa crédibilité dans la façon de gérer les projets.
Responsabilités diluées
Toutefois, l'impact de l'image d'un ou d'une magistrate est difficilement quantifiable. Pour le politologue Pascal Sciarini, les votations en Suisse sont très peu rattachées à une personne, contrairement à la France. Pour preuve: personne ne démissionne à la suite de l'échec d'un scrutin. Le caractère collégial du système politique suisse dilue en effet les responsabilités.
Par contre, si la confiance dans le collège est rompue, cela pourrait peser dans les urnes, précise Pascal Sciarini. Même si le politologue nuance: cela renforcerait plutôt des opinions préexistantes, avec peu de possibilités de changer le résultat du vote.
Anouk Pernet/vajo