C'est une nouvelle affaire qui ébranle la police genevoise. A l'origine de celle-ci, il y a une dénonciation. Elle est adressée au Ministère public et porte sur les relations entre la police et un garagiste, logé à Satigny, dans la campagne genevoise.
Ces faits sont confirmés par le Parquet à la RTS. L'Inspection générale des services, la police des polices à Genève, est saisie et mène, depuis quelques jours maintenant, des "vérifications préliminaires", qui ne visent aucun policier en particulier, précisent les services du procureur général, Olivier Jornot.
Jusqu'à aujourd'hui, personne n'avait encore été entendu dans le cadre de cette enquête sensible. Mais les choses se sont accélérées mardi matin: une perquisition a été menée au siège du garage par la Brigade de lutte contre la traite d’êtres humains et la prostitution illicite (BTPI). Selon les informations de la RTS, une demi-douzaine de personnes ont été interpellées, dont le patron de l'entreprise.
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Des hauts gradés impliqués
Ces arrestations sont en lien avec du travail au noir et des séjours illicites, selon les renseignements recueillis par la RTS. Mais cela n'est qu'une partie de cette vaste affaire. La dénonciation envoyée au Ministère public évoque des liens de proximité entre des agents de police et ce garagiste. Cet homme, décrit comme jovial et affable, connaît de nombreux policiers et sponsorise le FC Police, l'équipe de foot de la police genevoise. Il aurait fait preuve de générosité suspecte à l'égard de plusieurs agents.
Une dizaine de policiers au moins seraient impliqués. Et pas n'importe lesquels, puisque quatre d'entre eux seraient des commissaires, à savoir des cadres supérieurs. Le garagiste leur aurait offert des cadeaux, des services ou des prestations de garage.
Il est même question de vacances tous frais payés ou de location de voitures à l'œil. Un commissaire a encore fêté récemment ses 50 ans dans les locaux de ce garage de Satigny. Des photos documentent ces relations. La commandante de la police genevoise, Monica Bonfanti, figure même sur plusieurs d'entre elles, en lien notamment avec le FC Police. Pour le surplus, la commandante faisant partie du comité du FC Police, elle assiste régulièrement aux tournois et autres évènements en lien avec cette association sportive, ce qui explique sa présence sur des photos prises dans ce cadre.
Une affaire qui tombe mal
Cette affaire n’est pas sans en rappeler une autre: celle des Pâquis. On se souvient que des dizaines de policiers avaient été soupçonnés d'entretenir des relations potentiellement problématiques avec un patron de salon de prostitution.
L'affaire avait abouti, en octobre dernier, à une poignée de condamnations pénales et à des sanctions disciplinaires. L'image de la police en était ressortie écornée. C'est pourquoi un nouveau code de déontologie de la police a été élaboré pour rappeler les règles à suivre en matière d'intégrité.
L'enquête du garage de Satigny dira s'il y a eu des manquements éthiques et pénaux de la part des policiers impliqués. Mais cette nouvelle affaire tombe mal pour une institution en quête de réhabilitation.
Raphaël Leroy