L'interdiction de la viande lors de repas officiels pour les élus verts genevois fait débat
Samedi dernier à Genève, les représentants et représentantes des Verts ont voté en faveur de l'interdiction de consommer de la viande dans le cadre de repas officiels pour les futurs députés et ministres.
La décision est jugée idéologique, voire extrême par une partie des membres. Certains d'entre eux ont lancé un appel pour revenir sur le vote. Le parti doit se prononcer lors d'une prochaine assemblée générale.
Cette décision ne signifie pas qu'il faudra désormais obligatoirement être végétarien pour être un élu écologiste, assure Sophie Desbiolles, députée au Grand Conseil genevois à l'origine de l'idée. "Ce n'est absolument pas ce qui a été voté ce samedi. Il faut remettre les choses dans leur contexte. C'est une charte qui concerne les futurs députés et futurs conseillers d'Etat, qui, dans le cadre de leurs fonctions, doivent adopter un régime végétarien lorsqu'ils sont dans des dîners officiels", a-t-elle expliqué mardi dans Forum.
Une question d'exemplarité
Invitée dans l'émission à ses côtés, Maryam Yunus Ebener, conseillère administrative de la commune genevoise d'Onex, a jugé que l'initiative allait trop loin. L'élue onésienne prône plutôt la responsabilisation et l'incitation des députés: "On n'a pas besoin d'interdire. On peut très bien écrire sur cette charte qu'on encourage nos futurs élus à consommer moins de viande", a-t-elle estimé.
L'interdiction n'est pas nécessaire, a-t-elle insisté. "J'ai entièrement confiance dans nos élus et leur sagesse", a-t-elle ajouté, en soulignant qu'en tant qu'écologistes, les députés sont déjà sensibles au sujet de l'impact climatique de la surconsommation de viande.
Mais pour Sophie Desbiolles, il s'agit surtout d'être cohérent avec les efforts demandés à la population et les mesures déjà appliquées, qui vont être appelées à se multiplier, en matière de réduction de la consommation de produits carnés. "Comment voulez-vous garder confiance dans nos élus s'ils sont incapables d'incarner et de montrer le changement qu'on va demander à la population?", s'est étonnée la députée.
>> Voir aussi le reportage du 19h30:
Propos recueillis par Esther Coquoz/iar
Fernand Cuche: "Les jeunes qui s'engagent sont dans l'urgence"
Invité du 19h30 mercredi pour réagir à ce débat qui touche les Verts genevois, l'ancien élu neuchâtelois Fernand Cuche a estimé qu'il ne s'agissait pas là "du bon moyen" pour "aborder la problématique de la viande."
Néanmoins, l'ex-conseiller d'Etat vert juge que la question soulevée est importante. "La problématique de la viande est une problématique de base concernant l'avenir de l'agriculture, l'avenir des sols, celui de notre alimentation et bien sûr, avec un impact sur le réchauffement climatique", rappelle-t-il.
Pour l'écologiste, il s'agit également de comprendre les jeunes qui ont poussé à cette interdiction. "Ces jeunes qui s'engagent sont dans l'urgence. Ils ont les trois quarts de leur vie devant eux et c'est ce que révèle le débat qui a été enclenché suite à cette proposition", conclut-il.