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Prévenir la violence dans le football amateur, "un travail permanent"

Prévenir la violence dans le football amateur, "un travail permanent" [RTS - Guillaume Rey]
Violence dans le football amateur: un volet répressif / L'actu en vidéo / 1 min. / le 17 juin 2022
Tensions, débordements parfois: la violence reste une problématique sur et autour des terrains de football. Pour enrayer ce phénomène, certaines associations cantonales ont pris des mesures, notamment des formations. Alors que la saison se termine, le magazine 15 Minutes a fait le point à Genève.

"Les violences verbales, je pense que chaque arbitre y est confronté régulièrement. Les violences physiques, ça reste une minorité, mais c'est une réalité". Agé de 21 ans, Léo* arbitre depuis 2015.

Lui-même a vécu en octobre dernier un moment difficile: "Lors d'un match de 4ème ligue, après avoir expulsé un joueur, il est venu vers moi avec une démarche assez agressive, il m'a insulté et m'a craché dessus". Même s'il affirme que cela n'a pas été un traumatisme, cet événement a été "humiliant" pour Léo: "Je n'arbitre pas pour ça".

Alors, comment éviter ce genre d'événements? Au bord du terrain, samedi dernier à Vernier, lors des finales de coupe des juniors A, B et C, les différents acteurs rencontrés semblaient conscients de la problématique. A l'image de cet entraîneur: "On doit être des exemples pour nos joueurs. On essaie de leur dire que ça reste un match de foot et que leur vie ne changera pas demain, qu'ils le gagnent ou qu'ils le perdent".

Derrière les barrières, des supporters, qui sont des parents pour beaucoup. Cette maman admet qu'il est parfois difficile de rester calme: "Des fois on dit à d'autres parents d'aller souffler un peu ailleurs parce qu'ils sont trop tendus".

"Pas être bisounours"

A Genève, suite à un match de ligue inférieure qui avait dégénéré en 2018, des Etats généraux du sport ont été organisés pour trouver une solution à la violence dans le football. Depuis, différentes mesures ont été mises sur pied, dont des formations pour entraîneurs et dirigeants.

Mais c'est un travail sur le long terme, suggère Pascal Chobaz, président de l'Association cantonale genevoise de football (ACGF): "Il ne faut pas être bisounours dans l'approche. C'est un travail auquel on croit, mais qu'on devra refaire et refaire encore. C'est un travail permanent. Et même en faisant tout cela, vous n'êtes pas à l'abri d'un événement totalement imprévisible".

Le dirigeant rappelle que le football concerne beaucoup de monde: "A Genève, il y a environ 20'000 licenciés. Si on y ajoute toutes les personnes qui gravitent autour du foot et les spectateurs, on arrive à près de 100'000 personnes. Vous pouvez former, sanctionner des joueurs et des entraîneurs, mais les gens qui viennent au stade, vous avez peu de moyens de les empêcher de déraper".

>> Ecoutez le reportage audio de 15 Minutes :

La plupart des rencontres sportives en Suisse se déroulent loin des caméras et des projecteurs. [Keystone - Anthony Anex]Keystone - Anthony Anex
Comment lutter contre la violence dans le football amateur? / 15 minutes / 14 min. / le 17 juin 2022

Des valeurs à transmettre

Ces dernières semaines, des dirigeants ont à leur tour eu droit à une formation, après celle consacrée aux entraîneurs. Yvan Constantin, facilitateur coach, a animé un des modules, axé notamment sur le rôle du club et les valeurs qu'il devrait véhiculer.

"Il faut non seulement poser ces valeurs dans une charte, mais elles doivent être comprises et incarnées", souligne le formateur. "Je pense que les dirigeants sont les premières personnes à l'origine de comportements exemplaires, qui doivent ensuite être transmis aux jeunes et aux équipes qui font partie du club".

Autour de la table ce soir-là, beaucoup de dirigeants sont bénévoles. Kevin Gries, fait partie du comité d'UGS: "On a fait un premier pas à travers cette formation. Il faudra ensuite communiquer et assurer un suivi".

Volet répressif

Mais au-delà de la sensibilisation et de la formation, il existe aussi une dimension répressive. Cela passe par des sanctions sportives, mais à Genève un dispositif a également été mis sur pied pour accompagner les arbitres en cas d'action en justice.

Nicolas Hervieu-Causse, arbitre et avocat, en est le principal acteur: "L'objectif de ce système, mis en place avec l'ACGF, est d'avoir un volet préventif, doublé d'un volet répressif. L'arbitre est bien sûr libre de décider de porter plainte ou non. Nous on les incite à le faire."

Léo, lui, a franchi ce pas: "j'ai hésité un peu avant de le faire. Mais c'est important de donner l'exemple et de porter plainte, car ce genre de choses ne doivent pas arriver".

*nom connu de la rédaction

>> Ecoutez la discussion dans Forum avec Ana Roch et Stéphane Jacquemet :

Foot amateur, la guerre des talus
15 Minutes - La violence dans le football amateur / Forum / 10 min. / le 18 juin 2022

Katia Bitsch et Guillaume Rey

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