Aspasie, association de solidarité créée à Genève par des travailleurs et travailleuses du sexe fête ses 40 ans. À cette occasion, la structure a annoncé la création d’une initiative pionnière en Suisse: Philénis, fondation immobilière dont le but est de favoriser l’autonomie et l’indépendance des professionnels du sexe, en mettant à leur disposition des lieux de travail et de vie à prix équitable.
Loyers abusifs
À Genève, la loi L-PROST a pour objectif de garantir la protection des personnes prostituées. Les conditions d’exercice restent cependant problématiques, notamment en ce qui concerne les loyers abusifs.
La plupart des personnes qui exercent cette activité sous-louent leur studio à un prix d’or. Un business qui, pour les bailleurs, est extrêmement lucratif. Selon Aspasie, le prix de location d’une chambre peut revenir à près de 3000 francs par mois à Genève.
Grâce à des dons privés, la fondation Philénis a pu racheter un immeuble. La structure a mis en place des contrats directs de location pour les travailleurs du sexe au prix du marché genevois.
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Pression financière
Maria exerce cette profession depuis 8 ans. Sa situation s’est grandement améliorée depuis qu’elle a son propre appartement. "Avant, je devais travailler même quand j’étais malade, car le studio me revenait à 100 francs par jour, 700 francs à payer en cash chaque semaine. Maintenant je paie 1200 francs par mois, directement à la régie", témoigne-t-elle.
Elle vit désormais sans la pression de ce loyer excessif. "On se sent moins stressé, moins dépassé… Maintenant je peux sans soucis couvrir mes frais médicaux et mes assurances. Je suis tellement heureuse", ajoute-t-elle.
Conditions strictes
Les conditions de location restent strictes: les personnes impliquées doivent exercer seules dans l'appartement, et la sous-location d’un bien à un tiers est interdite.
Pour la responsable d’Aspasie, Pénélope Giacardy, être propriétaire de l’immeuble tout en maintenant des loyers bas permet d’éviter le proxénétisme. "Le travail du sexe est légal en Suisse. Avec cette initiative, on n’encourage pas la prostitution mais bien le contraire: on permet aux personnes de vivre dans des conditions normales, de travailler comme elles le souhaitent, avec le rythme qu’elles souhaitent", conclut-elle.
saje
Sujet TV: Mathieu Lombard