Avant, les marteaux-piqueurs genevois, il y avait eu la partie de tennis dans un succursale du Credit Suisse à Lausanne, l'occupation de la Zad du Mormont ou encore les militants collés au bitume pour bloquer la circulation.
>> Lire aussi : Des activistes pro-climat ont bloqué le pont du Mont-Blanc à Genève
Ces actions se multiplient et interrogent sur leur radicalité. Quelles limites faut-il mettre à une action aux attentions jugées louables, voire légitimes? On se souvient notamment des hésitations de Béatrice Métraux, conseillère d’Etat verte vaudoise, avant d’intervenir à la Zad du Mormont.
Un exécutif sensible au message
Dans le cas genevois, les autorités ont laissé faire pendant plus de deux heures avant d'intervenir. Une passivité que certains qualifient de "coupable", car les militants s'en sont pris à un bien public et leur opération coûtera finalement plusieurs milliers de francs au contribuable. Mais pour Alfonso Gomez, conseiller administratif chargé des Finances et des Espaces verts, il faut avant tout entendre le message: "On ne peut pas cautionner la méthode, mais il faut entendre le message porté par ces militants. Ils nous permettent d’accélérer et d’être plus agiles pour répondre aux questions de l’urgence climatique." L’élu relativise également les dégâts et le met en perspective avec l’imminence de la catastrophe climatique. "Il faut savoir raison garder, on parle d’un petit bout de béton arraché."
Son propre parti, les Verts de la Ville de Genève, s’oppose aux sanctions que pourraient encourir les militants, comme une amende. Et Alfonso Gomez lui-même semble partagé. Il refuse de commenter la décision du Conseil administratif de porter plainte contre les militants.
Obligation de permettre l’expression non-violente
Même si l'élu vert n'avait pas de proximité avec la cause, les autorités auraient dû faire preuve de tolérance, explique Clémence Demay, chercheuse en droit à l'Université de Lausanne et spécialiste de la désobéissance civile: "Les autorités sont obligées de les laisser s’exprimer sur ces enjeux-là, même si leur action prend des formes inhabituelles ou dérangeantes tant qu’elle reste non-violente. La limite, qui est une limite absolue, est celle de l’atteinte aux personnes. Cela étant, il y a toujours des interprétations qui peuvent être contradictoires sur ce qui est ou non une action non-violente."
Quoi qu'il en soit, la méthode semble porter ses fruits. L'Exécutif dit avoir entendu la demande des militants et compte accélérer la végétalisation du quartier en supprimant notamment des places de parcs en surface (avec compensation).
Mohamed Musadak