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La consommation de crack perturbe la vie dans le quartier genevois des Pâquis

À Genève, le deal et la consommation de crack empoisonnent le quotidien des habitants du quartier des Pâquis [RTS]
À Genève, le deal et la consommation de crack empoisonnent le quotidien des habitants du quartier des Pâquis / 19h30 / 2 min. / le 26 juin 2022
Depuis deux mois, les scènes de deal et de consommation de crack en pleine rue sont quotidiennes dans le quartier genevois des Pâquis. Ecoliers, commerçants et riverains se sentent démunis face à ce nouveau fléau.

Des personnes hagardes, "zombifiées" ou, au contraire, violentes et menaçantes en pleine journée. Avec la flambée du crack, sorte de cocaïne solidifiée, ces scènes se succèdent dans le quartier des Pâquis.

"Depuis deux mois, on voit des gens qui sont beaucoup moins bien. Physiquement, on voit qu'ils ont le regard très marqué, ils cherchent et on voit qu'ils sont sous l'influence de la drogue de manière assez intense. Mais comment expliquer cela à notre fille de 5 ans?", se demande Sarah Vader, une habitante du quartier, dimanche dans le 19h30.

"Le problème, c'est qu'ils sont incontrôlables. Pour les habitants du quartier ou les autres qui se promènent, cela peut devenir dangereux", renchérit Philippe Staehli, autre témoin direct de cette évolution.

Menace sur les écoles?

La problème du crack pèse aussi sur les élèves de l'école primaire de Pâquis-Centre. Les enfants croisent en effet quotidiennement le chemin des toxicomanes.

Une situation qui inquiète beaucoup Julien Rey, membre du comité de l'Association des parents d'élèves des Pâquis. "On les confronte tous les jours à la misère sociale, à la toxicomanie, à des choses qui sont finalement très dures. Les professeurs doivent sortir les dealers des préaux, alors que normalement c'est un territoire respecté pendant le temps scolaire. On doit aussi sortir des consommateurs qui y prennent du crack pendant les horaires scolaires. Il y a vraiment un trop plein pour les habitants, mais aussi les commerçants", explique-t-il.

Les commerces également impactés

Pour assouvir leurs besoins, les consommateurs semblent prêts à tout, au détriment des commerçants et de leurs clients.

"Sur la terrasse, je laisse les cuillères et les tasses sur la table et ils me les piquent. Alors je cours après eux pour demander mes cuillères et ils me répondent de manière agressive", confirme Gloria Suarez, gérante de la boulangerie Gloria.

Les commerçants craignent surtout de perdre leur clientèle. "Il y a des clients qui m'ont dit clairement qu'ils ne viendraient pas manger en famille ici le soir. Je n'aurais jamais imaginé qu'en Suisse, ici à Genève, on pouvait avoir ça (...) cela fait 35 ans que je suis ici et je ne pouvais pas penser que ça deviendrait comme ça. La police dit qu'elle va envoyer des patrouilles, mais quand ils arrivent, les consommateurs partent, pour revenir tout de suite après", détaille Giambattista Timpanaro, gérant du restaurant Al quadrato.

Une réponse multifactorielle à apporter

Pour gérer ce problème, le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia prône une approche multifactorielle. Interrogé dans le 19h30, il explique qu'une réponse uniquement répressive n'est pas suffisante. "Venir dire qu'on peut éradiquer le deal de rue par des présences policières quotidiennes dans ces lieux sensibles, je pense que c'est un leurre. On ne peut évidemment pas le faire, car ce serait au détriment d'autres actions."

Au final, agir sur les dealers avec l'aide de la police ne représente sans doute que la première étape face à ce fléau. Les acteurs de la santé et de la prévention sont d'ailleurs déjà engagés et s'activent pour gérer l'expansion de cette drogue à Genève.

>> Revoir un autre reportage du 19h30 sur l'expansion du crack à Genève :

Genève, confrontée au phénomène du crack. Cette drogue ultra addictive est en pleine flambée et engendre violences et tensions
Genève, confrontée au phénomène du crack. Cette drogue ultra addictive est en pleine flambée et engendre violences et tensions / 19h30 / 4 min. / le 19 juin 2022

Gianluca Agosta/ther

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