Lancée par le mouvement début juin, et soutenue par la Ville de Genève, la campagne simule des scénarios en 2040 causés par le réchauffement climatique. Pour Extinction Rebellion, ses messages sont réalistes. Le mouvement s'est basé sur des hypothèses et des dangers identifiés par des scientifiques.
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La RTS a contacté des scientifiques qui n'ont pas participé à l'élaboration de cette campagne pour leur soumettre ces scénarios. Ils répondent qu'il ne s'agit pas de science-fiction. D'ailleurs, la Suisse vient de vivre un épisode de canicule. Les températures se sont approchées de 37 degrés la semaine dernière dans plusieurs régions du pays.
Certaines conséquences "exagérées"
Les prévisions de cette campagne sont plausibles, mais représentent les plus pessimistes, selon Markus Stoffel, professeur à l'Institut des sciences de l'environnement de l'Université de Genève: "Ce qu'on voit dans cette campagne, ce sont les événements extrêmes, mais dans un climat de plus en plus chaud et d'après la physique des processus atmosphériques, des événements extrêmes vont se produire de plus en plus souvent."
Certaines conséquences sont un peu "exagérées". Par exemple, l'une des affiches prévoit des inondations dans un quartier au centre-ville de Genève, à la Jonction. "Le risque zéro n'existe pas, mais nous avons aujourd'hui suffisamment d'outils pour arriver à prévenir ces évacuations massives et ce risque d'inondations", estime l'hydrologue à l'Université de Lausanne Marianne Milano, mardi dans La Matinale de la RTS.
Et d'ajouter: "Ces affiches sont exagérées, mais elles ont au moins l'intérêt de faire penser à ces événements extrêmes et que le changement climatique ne touche pas que les ressources naturelles et notre santé."
Pont du Mont-Blanc sous l'eau, peu probable
Selon la campagne, le réchauffement climatique va aussi toucher certaines infrastructures. Une affiche indique que le pont du Mont-Blanc sera fermé deux ans en juin 2040 pour rénovation, après des inondations qui ont endommagé l'étanchéité du pont. "C'est plutôt les ponts qui traversent les torrents et les petites rivières qui sont affectés", indique le climatologue Markus Stoffel. "C'est moins un problème en milieu urbain qu'en montagne."
Extinction Rebellion évoque dans ses affiches l'invasion du moustique tigre à Genève, toujours en 2040, avec comme conséquence la propagation de maladies tropicales graves. Pour le biologiste Daniel Cherix, ce scénario est aussi un peu "exagéré", même si la France et l'Italie ont connu des épidémies locales de dengue et de chikungunya. En Suisse, c'est différent, selon lui. Il fait confiance au monitoring et au programme de prévention mis en place depuis de nombreuses années.
Le bon dosage de la peur
Au-delà de la probabilité de leurs scénarios, ces messages chocs sont-ils porteurs? Plutôt oui, selon les experts en communication contactés par la RTS. Cette campagne montre des exemples concrets qui touchent directement la population. Ce qui ne fonctionne pas, par exemple, c'est cette fameuse image d'un ours blanc qui dérive sur une banquise. C'est très éloigné de la réalité de la Suisse, et les badauds se sentent donc moins concernés.
Mais est-ce qu'être trop alarmiste n'est pas contre-productif? "Il faut quand même une certaine dose de peur pour agir", souligne Oriane Sarrasin, chargée de recherche au Laboratoire de psychologie sociale de l'Université de Lausanne. "Mais l'anxiété peut nous paralyser et nous pousser à nous déresponsabiliser ou à détourner notre attention du message. Une bonne dose de peur est nécessaire à l'action, mais il est difficile de trouver le bon dosage."
Une solution miracle et un exemple parfait de communication n’existe pas: ce qui marche avec quelqu'un ne fonctionnera pas forcément avec tout le monde. Pour Oriane Sarrasin, il est aussi important de combiner ces messages avec des moyens d'actions concrètes afin de pouvoir se sentir utile.
Gabriela Cabré/vajo