"Mars restera inhabitable, et la Terre, même dégradée, sera infiniment plus habitable"
En 1950 sur l'ancêtre de la RTS - radio Sottens -, à la question de savoir si des êtres autrement conditionnés que les humains pouvaient vivre sur d'autres planètes, l'astronome français et vulgarisateur Paul Couderc affirmait que les planètes n'étaient pas habitées.
"Nous parlons de la vie telle que nous la connaissons, c'est-à-dire de cette propriété curieuse de composés très complexes du carbone. Les astronomes se contentent de mettre en parallèle les propriétés de la vie que nous connaissons et les conditions physico-chimiques qui règnent sur les planètes. Ils ignorent pour le moment les salamandres et les chimères", métaphorisait le chercheur il y a plus de septante ans.
Plus récemment, début 2021, le robot Perseverance a fait tourner ses roues avec succès sur Mars, annonçait l'agence spatiale américaine (NASA), envoyant par la même occasion plusieurs clichés à valeur historique et laissant place aux fantasmes holywoodiens des hommes d'affaires de coloniser la planète rouge.
"Mars n'est pas habitable", assène sans ambiguïté Sylvia Ekström, auteure du livre 'Nous ne vivrons pas sur Mars, ni ailleurs'. "Le problème majeur, lorsque l'on veut coloniser quelque chose, c'est qu'il faudrait déjà que ce soit habitable. Mars restera inhabitable, et la Terre, même très dégradée, sera infiniment plus habitable."
Des missions identiques pour l'Observatoire
En 1772, sous l'impulsion de l'astronome Jacques-André Mallet, Genève se dotait de son premier observatoire astronomique. A l'époque, on scrutait le ciel depuis le bastion Saint-Antoine, en plein coeur de la ville. Aujourd'hui, l'observatoire se trouve à Sauverny (GE), dans un lieu moins exposé à la pollution lumineuse.
A ses débuts, l'Observatoire de Genève remplissait deux fonctions. Il devait bien sûr assouvir la curiosité des scientifiques de l'époque, les aidant à décoder le ciel. Mais il avait aussi pour mission de fournir aux artisans horlogers l'heure exacte, grâce aux calculs tirés de l'observation des astres.
>> Relire notre Grand Format sur les 250 ans de l'Observatoire : L'Observatoire de Genève fête ses 250 ans
Les missions de l'Observatoire n'ont pas réellement changé 250 plus tard, comme l'explique Sylvia Ekström, interrogée dans La Matinale.
"Nos missions n'ont pas changé en soi, mais la manière dont on les fait, oui. Les tâches de l'Observatoire de l'équipe sont toujours les mêmes: la recherche, qui a un peu évolué, et l'enseignement. Les horlogers n'ont plus besoin de nous, mais nous faisons encore du service au public à travers des visites, des soirées d'observation. On donne les heures de lever du soleil pour les gens qui s'y intéressent", explique celle qui fut sage-femme dans une autre vie professionnelle.
Mayor et Queloz boostent Genève
L'Observatoire de Genève est rattaché au département d'astronomie de l'Université de Genève (UNIGE). Il est devenu un centre de recherche renommé et peut s'enorgueillir d'avoir été le lieu de travail de deux Prix Nobel, Michel Mayor et Didier Queloz, qui, en 1995, ont annoncé au monde la découverte de la première exoplanète.
"Au départ, ils étaient peut-être cinq dans le monde à avoir l'audace d'essayer de les détecter. Le domaine des exoplanètes a vraiment explosé. Ils ont montré que c'était possible, et maintenant ils sont des milliers d'astronomes à s'intéresser à ce domaine", détaille Sylvia Ekström.
Ce succès s'est-il répercuté sur l'Observatoire genevoise? "Nous avons eu une grosse croissance, c'est sûr. Maintenant, on est à la recherche de bureaux éternellement", se réjouit la Suédoise d'origine.
Nombreuses activités pour les 250 ans
Pour marquer dignement les 250 ans de l'Observatoire de Genève, le département d'astronomie de l'UNIGE, en collaboration avec le Laboratoire d'astrophysique de l'EPFL, proposera diverses activités tout au long de l'année. Le programme des festivités a commencé par une grande opération portes ouvertes mi-juin.
jfe avec ats