La démission de Boris Calame illustre les tensions idéologiques qui secouent la formation politique, entre une frange modérée et plus consensuelle et une faction plus militante.
"Après neuf années, je constate une véritable rupture. Une rupture sur la forme et le fond de l’action politique", explique d’abord l'élu. Le point de non-retour a été pour lui la présentation du programme des Verts 2023-2028, qu’il juge beaucoup trop radical. "Son catalogue pléthorique contient des mesures irréalisables voire contradictoires."
Surtout, il dénonce un parti trop urbain qui s’éloigne drastiquement de la "réalité des champs". Il fait évidemment allusion au positionnement des Verts sur la consommation de viande et l’élevage. Enfin, il critique la distance du parti, voire son hostilité, vis-à-vis de l’économie et notamment des petits patrons.
Député indépendant
Depuis plusieurs années, le député se démarquait par de fréquents désaccords avec son parti. Il est notamment membre du comité référendaire contre l’initiative cantonale "Zéro pub", un texte qui vise à interdire l’affichage commercial dans l’espace public communal dès 2025. Il a également soutenu le projet de création d’une Cité de la musique à Genève et contre lequel les Verts genevois se battaient farouchement.
Pour l’élu, ce n’est pas lui qui a changé, mais son parti. "J’ai connu les Verts comme un parti centriste, créatif, idéaliste et humaniste", assure-t-il avant de constater que ces valeurs n’ont plus cours.
Malgré son départ, Boris Calame va continuer à siéger en tant que député indépendant jusqu’à la fin de la législature. Il n’écarte pas l’idée de rejoindre les Vert’libéraux à l’avenir, "mais ce n’est pas la raison de ma démission", assure-t-il.
Pas une surprise
Du côté des Verts, on prend acte de ce départ, qui n’est pas perçu comme une surprise. "Sa démission faite suite à de nombreuses prises de position en désaccord avec le parti. Au fond, c’est cohérent qu’il parte", analyse Delphine Klopfenstein Broggini, présidente des Verts.
Pour elle, les Verts n’ont pas changé depuis les présidences de Lisa Mazzone et Nicolas Walder. La conseillère nationale écarte également toute idée d’affaiblissement derrière cette défection. "Le parti enregistre une hausse constante des adhésions. Depuis 2020, nous comptons 400 nouvelles adhésions. Dans le même temps, nous n’avons connu que 38 démissions pour divergence d'opinion."
Mohamed Musadak