Vendredi dernier, neuf détenus astreints au travail dans un atelier d’emballage de couverts en plastique destinés aux Hôpitaux universitaires genevois ont demandé à leur chef d’atelier d’ouvrir les fenêtres. Ils se plaignaient d’une chaleur étouffante. Trente-cinq degrés au thermomètre, selon eux. Le chef d’atelier refuse d’entrer en matière.
Selon eux, les conditions de travail sont inhumaines, comme l'a confié à la RTS Marine (prénom d'emprunt), l'épouse d'un des détenus qui s’est mis en grève. "J’ai insisté auprès de mon mari pour qu’il aille travailler. Il m’a dit que ce n'était pas humain et insupportable de travailler dans de telles conditions", raconte-t-elle mardi dans La Matinale.
"D'autres exigences"
Du côté de l'Office cantonal de la détention, on confirme en partie les faits. Laurent Forestier, directeur de la communication, assure que les "détenus ont eu d'autres exigences que l'ouverture d'une fenêtre. Ils ont demandé une chaîne Hifi, un remaniement des groupes et moins de travail". Des demandes qui ont toutes été refusées. Les prisonniers sont donc interdits d'activités collectives jusqu'à vendredi.
Le spécialiste de la communication met également en doute la chaleur qu'il fait dans les ateliers. "Cette partie de la prison date de 2015 et répond aux normes Minergie. En fermant les fenêtres, il devrait faire plus frais."
Face au refus des prisonniers de retourner au travail, les autorités carcérales ont pris la décision de les sanctionner collectivement. Jusqu’à vendredi prochain, ils seront privés de toute activité de groupe. Cela comprend la possibilité de circuler dans la prison, les formations, les repas en commun par exemple. Ils doivent rester dans leur cellule 23h sur 24. Un traitement que le collectif Parlons prison juge indigne et contraire aux droits humains.
Pas de droit de grève ou de syndicat
Dans les prisons d'exécution de peines comme La Brenaz, le travail est obligatoire, même au-delà de 65 ans. Il n'y a pas de droit de grève ni de syndicat. S'ils poursuivent leur refus de travailler, les prisonniers s'exposent à des sanctions plus lourdes, comme l'explique Caroline Aubry, avocate et spécialiste du travail en prison.
"On va supprimer la place de travail de la personne. Elle devra ensuite se réinscrire sur une nouvelle liste d’attente. Cela peut même aller jusqu’à des amendes prélevées sur le salaire et des sanctions de privation de liberté avec une mise à l'isolement".
Le collectif Parlons prison, le syndicat SSP et la députée verte Dilara Bayrak, qui avaient déjà dénoncé les conditions d’incarcération à Champ-Dollon, comptent exiger des clarifications sur cet événement.
Mohamed Musadak/hkr