Malgré des records de constructions, Genève souffre toujours d'une pénurie de logements

Au total, un peu moins de 30'000 nouveaux logements sont prévus dans le canton de Genève d'ici 2030, à travers une dizaine de projets différents. Dans la commune de Bernex, par exemple, le nouveau quartier de St-Mathieu devrait être habitable dès septembre 2023. D'autres doivent suivre, mais le rythme reste lent.

"La problématique aussi, pour la commune de Bernex, c’est sa capacité financière qui ne permet pas forcément d’aller à la vitesse que le canton aimerait", explique son maire Gilbert Vonlanthen dans le 19h30. "Nous devons vraiment gérer un quartier après l’autre."

Pression sur les loyers

Par ailleurs, la cadence de ces constructions soulève parfois des oppositions et des négociations qui génèrent des délais supplémentaires. Mais les autorités cantonales restent ambitieuses en la matière.

"Ces dix grands projets genevois constituent à eux seuls 80% du potentiel constructible à Genève. Donc oui, on est sur une des pierres importantes de la lutte contre la crise du logement", se défend le conseiller d'Etat Antonio Hodgers.

"En 2021, nous avons construit 3000 logements", rappelle encore l'écologiste. Une augmentation jamais vue depuis presque un demi-siècle. Mais malgré tout, le problème subsiste: le taux de logements vacants stagne depuis bientôt dix ans. Au 1er juin 2022, il était de 0,37%.

Et les loyers, eux, ne cessent d’augmenter. Le canton tente de rééquilibrer la situation en contrôlant les prix dans ces nouveaux quartiers.

Problème complexe lié à la population

Mais le problème est complexe, estime Philippe Favarger, consultant en immobilier et spécialiste de l'économie du logement. Il rappelle que les prix sont aussi liés à la demande, qui elle-même dépend de la population.

"Chaque année, Genève compte entre 1500 et 2000 habitants supplémentaires par le mouvement naturel de la population", note Philippe Favarger. Mais "la grande inconnue, c’est le solde migratoire, donc la différence entre les arrivées et les départs, qui est très variable."

Ainsi, si le canton de Genève ne reste pas passif face à ses problèmes de logement, il reste loin d'être sorti de la crise. Et en remontant l'Arc lémanique, dans le canton de Vaud, la situation est légèrement meilleure, mais la pénurie est bien présente également, avec à peine plus de 1% de logements vacants, selon l'Etat.

Effet de rattrapage

Pour Yvan Schmidt, consultant indépendant et spécialiste du logement, la situation actuelle est aussi due à un effet de rattrapage. "On a eu longtemps une exportation de la demande insatisfaite, de Genève vers le canton de Vaud ou encore vers le Valais", analyse-t-il.

Et aujourd'hui, ces cantons créent des emplois, ce qui attire des ménages, et la demande insatisfaite cherche à revenir dans les cantons de Genève ou de Vaud. "Le souhait d'une majorité de ménages, aujourd'hui, c'est d'aller vers la ville", estime-t-il.

>> L'interview de Yvan Schmidt

dans le 19h30

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>> Doit-on revoir le développement économique de la ville de Genève? Débat dans Forum entre Leila el-Wakil et David Martin :

RTS

Jacqueline Pirszel/cr/jop