Christine Junod, ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, il est très connu dans le monde judiciaire genevois. Selon les renseignements de la RTS, qui recoupent ceux de l’hebdomadaire GHI, l'exécutif de la Ville de Genève a choisi cette figure de la magistrature pour déterminer les responsabilités de l'affaire qui éclabousse la Verte Frédérique Perler aux Pâquis. La Municipalité a confirmé l’information.
>> Lire aussi : Frédérique Perler invoque une erreur d'appréciation après l'action de dégrappage
Christine Junod est libérale. C'est une enquêtrice aguerrie qui est aujourd'hui à la retraite. Elle a été juge d'instruction pendant 14 ans avant de rejoindre le Tribunal administratif dans les années 2010. Elle a présidé la Cour de justice et le Conseil supérieur de la magistrature, organe de surveillance des magistrats.
Entretemps, elle a bien failli concourir au poste de procureur général, mais a été devancée par le radical Daniel Zappelli. Christine Junod, que la RTS n'a pas pu joindre, est décrite comme une femme très droite et impartiale. Pas du genre à rendre des conclusions complaisantes.
Des délais courts
Toutefois, les délais sont courts pour rendre une enquête de cette ampleur. Le rapport de Christine Junod est prévu pour la rentrée, selon les informations de la RTS. Soit fin août-début septembre. "Le Conseil administratif compte pouvoir disposer de ce rapport en temps utile pour sa séance de la rentrée", confirme Gionata Buzzini, secrétaire général de la Ville de Genève.
Et c'est peu dire que le document est attendu par la classe politique municipale et qu'il pèsera de tout son poids dans les suites des dénonciations pénales déposées par ailleurs. Dans le même temps, le Conseil d’Etat, qui a la compétence de surveiller les communes genevoises, a fixé un délai au 31 août à la Ville de Genève pour se positionner sur cette affaire.
A l’issue de ce délai, le canton décidera de la suite qu’il entend donner à ce dossier, "en fonction des éléments qui lui auront été communiqués", précise le Département de la cohésion sociale (DCS), chargé de l’affaire. Il peut ouvrir une procédure disciplinaire ou simplement classer l'affaire. Il reste donc à l'ex-juge PLR moins d'un mois, dans la torpeur de l'été, pour mener à bien ses investigations.
Un coût estimé à 10'000 francs
"La décision de faire appel à un-e magistrat-e de l’ordre judiciaire a été prise par le Conseil administratif le 29 juin, affirme le secrétaire général de la Ville de Genève. Dans les jours suivants, ce mandat a été confié à Madame Christine Junod." Il précise que ce sont "les compétences, l’indépendance et l’intégrité, unanimement reconnues" de l’ancienne présidente des Juges d'instruction, du Tribunal administratif et de la Cour de Justice qui ont présidé à ce choix. "Le coût estimé du mandat n’excède pas 10'000 francs", assure-t-il.
S’agissant du cahier des charges de l’ex-magistrate, le haut-fonctionnaire indique que "Madame Junod a été chargée de faire toute la lumière sur le déroulement des faits relatifs au dégrappage de bitume du 22 juin". Selon lui, des auditions et autres actes d’enquête ont déjà eu lieu.
Contactée par la RTS, l'association SURVAP, qui rassemble des habitants des Pâquis et qui est l'un des organisateurs de l'action de juin, indique ne pas avoir été sollicitée ou entendue à ce jour. L’autre association organisatrice de l’événement controversé, Actif-TrafiC, n’a pas souhaité faire de commentaires.
Raphaël Leroy/boi