En 2019, Natacha Koutchoumov avait dénoncé des négligences et des mauvais traitements subis par les enfants autistes du foyer de Mancy - dont faisait partie son fils. Plus tard, elle a également dénoncé un manque de prise en charge du traumatisme des victimes.
C'est un choix douloureux et difficile. La vie est pleine de circonstances qui vous prennent parfois de court.
Dans La Matinale, la comédienne explique qu'elle a choisi de quitter son poste à la Comédie pour se consacrer à cette lutte. "C'est un choix douloureux et difficile. La vie est pleine de circonstances qui vous prennent parfois de court. J'avais cette date du renouvellement, je me suis engagée pour six ans et je vais au bout de ce mandat. Je crois que j'ai fait du bon travail, en tout cas selon les résultats chiffrés."
"Un choix en âme et conscience"
Pour la comédienne, "il fallait faire un choix, et vu l'implication que j'avais dans la cause de l'autisme et vu l'urgence personnelle pour mon fils, je devais être raisonnable. Mais oui, c'est douloureux, ce n'est pas facile, mais c'est la vie." Natacha Koutchoumov ne veut pas vraiment parler de sacrifice, mais plutôt de choix.
"Je choisis de faire ça en mon âme et conscience pour être droit dans mes bottes et ne pas partir au milieu d'une saison faute de solution pour mon enfant et pour les autres, pour lesquels je m'engage aussi. Je sens que je dois être sur ce terrain-là, et à la date où il fallait prendre cette décision, je voulais me sentir honnête et juste par rapport à ma mission à la Comédie de Genève."
Violence institutionnelle
Natacha Koutchoumov précise toutefois qu'elle ne va pas totalement couper les ponts avec le monde de la culture. "L'art ne va pas disparaître de ma vie, ça c'est clair aussi. Je n'ai pas de plan de carrière pour le moment. J'essaie d'être juste et honnête avec ma mission actuelle."
L'art ne va pas disparaître de ma vie, ça c'est clair aussi. Mais je n'ai pas de plan de carrière pour le moment
Trois ans après les révélations autour du foyer de Mancy, Natacha Koutchoumov note une prise de conscience du problème, mais précise que le processus n'est qu'à son début. "Il y a une enquête en cours. Il y aussi des plaintes pénales qui ont été déposées et qui vont être déposées."
Elle dit vouloir porter un coup de projecteur sur les manquements de la chaîne décisionnelle qui ont amené à des négligences graves. "Je voulais mettre en avant la maltraitance institutionnelle, parce qu'un personnel qui n'est pas épaulé, qui n'est pas suffisamment équipé - par sa formation et par les moyens dont il dispose - peut déraper beaucoup plus facilement que s'il y a un cadre, une structure, une vision, et surtout des personnes en place au poste de direction qui sont complètement rodées à ce type de situation."
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Réponse des autorités pas à la hauteur
"Il y a eu beaucoup de souffrance, personnelle, familiale et surtout il y a des êtres humains, qui sont des enfants. J'aimerais bien qu'on parle de cette situation-là en disant qu'il y a eu des mineurs et pas des autistes, parce que ce sont des êtres humains, ce sont des enfants."
Natacha Koutchoumov estime que les autorités n'ont pas été à la hauteur après les révélations. "A titre personnel, j'ai trouvé la défense des politiques et les moyens de se défendre pas du tout à la hauteur."
Et de conclure sur sa détermination. "J'ai envie de ne pas lâcher l'affaire pour ces personnes qui ne peuvent pas parler. Dans le cadre de ce foyer, c'était des personnes non-verbales, ce qui est d'autant plus terrible, car elles ne peuvent pas nous le dire, et ça, c'est l'enfer."
Propos recueillis par David Berger
Version web: Antoine Schaub