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Genève veut lancer un essai pilote de vente régulée de cannabis

Les contours de la distribution contrôlée de cannabis à Genève: interview de Mauro Poggia
Les contours de la distribution contrôlée de cannabis à Genève: interview de Mauro Poggia / Forum / 5 min. / le 27 septembre 2022
Un essai pilote de vente régulée de cannabis à des fins récréatives devrait voir le jour à Vernier, dans le canton de Genève. Il sera placé sous la responsabilité d'une association réunissant les autorités et les consommateurs.

"Les participants formeront une communauté, ils échangeront entre eux, afin d'augmenter leurs compétences en matière de consommation", a expliqué mardi devant les médias l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, présidente de l'association ChanGE. Le projet genevois sera non lucratif, tout éventuel excédent servant à financer une partie de la recherche, a-t-elle précisé.

ChanGE sera responsable de la production - biologique et locale - ainsi que de la vente, avec une forte composante de prévention et d'information à la population. Vendus au prix du marché noir, les produits - de vapotage, avec une plus grande concentration de CBD ou encore sous forme de résine - ne seront toutefois pas ceux que l'on trouve illégalement, selon Martine Baudin, coordinatrice du projet.

Avantages personnels

Les études seront menées par le professeur Sandro Cattacin, du Département de sociologie de l'Université de Genève, et le professeur Daniele Zullino, médecin-chef du Service d'addictologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Le nombre de participants est limité à 1000 adultes consommateurs réguliers non dépendants, qui devront répondre à des interviews et à des questionnaires.

Ruth Dreifuss estime que de nombreuses personnes auront des avantages personnels à participer à cet essai pilote. Elle pense notamment à celles qui sont en faveur de la libéralisation du marché ou celles, âgées, qui ont recours au cannabis pour mieux dormir, mais qui ne veulent pas passer par du cannabis médical.

Mauro Poggia: "La répression est arrivée dans une impasse"

Invité dans Forum pour évoquer ce projet pilote, Mauro Poggia a estimé que la politique de répression avait montré ses limites. "La répression est arrivée dans une impasse. On ne fait finalement que favoriser le marché noir, avec les réseaux mafieux qui sont derrière et finalement, en termes de santé publique, on ne fait pas grand-chose", a-t-il déclaré.

Pour le conseiller d'Etat en charge du Département de la sécurité, de la population et de la santé, il n'est toutefois pas question d'effectuer une politique d'incitation à la consommation. "Cela concernera uniquement des personnes qui sont des consommateurs réguliers (...) le but est de comprendre cette consommation récréative, afin de mieux la cadrer et effectuer une meilleure prévention", affirme-t-il.

"Il s'agit d'une autre façon d'aborder la question de la consommation pour aller peut-être vers un marché régulé du cannabis, que certains souhaiteraient. Et je ne parle pas de libéralisation. Il s'agit donc de connaître le phénomène et de savoir à qui il s'adresse", conclut-il.

ats/ther

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Une vente qui commencera à l'été 2023

Cet essai de trois ans s'inscrit dans le cadre de la modification de la loi fédérale sur les stupéfiants qui ouvre la voie à des projets scientifiques strictement encadrés sur la culture, l'importation, la fabrication et la vente de cannabis.

La demande d'autorisation sera déposée début octobre auprès de l'Office fédéral de la santé publique en vue de commencer la vente dans le courant de l'été 2023.

Si la majorité des projets alémaniques misent sur une vente en pharmacie, Genève veut le faire dans une Cannabinothèque, à Vernier. La deuxième ville du canton "connaît des problèmes liés au deal et à la délinquance", a relevé le conseiller administratif Martin Staub, qui développe un modèle sécuritaire avec les services communaux et les habitants en vue de l'ouverture d'un commerce "visible et accessible".