Le projet de fan zone genevoise à Plainpalais pour la prochaine Coupe du monde de football était l'objet de vives critiques et de pressions politiques.
Elle était vue par les militants de gauche comme une manière de cautionner ce qu'ils appellent le "Mondial de la honte" au Qatar, épinglé pour ses conséquences sur les droits humains et l'environnement notamment.
Un élu socialiste demandait son annulation par le biais d'une pétition. Et début octobre, le conseiller national genevois et vice-président des Verts suisses Nicolas Walder s'était élevé lors d'une interview à la RTS contre l'idée que de l'argent public soit versé pour un tel événement à Genève.
"Je pense que c'est indécent pour des questions de droits humains, mais c'est aussi indécent d'avoir prévu une Coupe du monde qui nécessite une telle facture de CO2 et de tels investissements qui ne sont pas du tout durables", avait-il souligné.
De violentes insultes contre l'organisateur
Mais il y a eu également des actions plus violentes. Le directeur de l'agence Nepsa, organisatrice de l'événement, a reçu des insultes parlant de "criminels", de "fachos" ou encore de "collabos". Il a du reste déposé plainte pour injure et calomnie. Et la violence des propos a fini par le faire douter de pouvoir garantir la sécurité des spectateurs.
Le risque d'un énorme gouffre financier
Mais ce sont des pressions d'un autre genre qui ont poussé Frédéric Hohl à jeter l'éponge: la menace d'un immense déficit.
"Les revenus principaux pour une telle fan zone sont les écrans publicitaires et la vente des stands", a-t-il expliqué dans l'émission Forum. "Or pour les écrans publicitaires, on a eu 95% de moins que ce que l'on fait d'habitude. Et c'est la première fois qu'on avait loué tous les stands, mais depuis quelques semaines beaucoup d'exploitants nous disaient qu'ils seraient plutôt contents si on annulait".
L'entreprise va faire face à une perte financière importante et les exploitants des stands subiront un manque à gagner. La facture devrait dépasser 2 millions de francs.
L'exécutif de Genève "comprend" la décision
Les autorités de la Ville de Genève avaient refusé pour leur part d'annuler l'événement. Elles réagissent de manière très mesurée à la décision de la société Nepsa. Marie Barbey-Chappuis, conseillère administrative en charge de la Sécurité et des Sports, dit prendre acte de la décision et assure la comprendre.
L'abandon du projet est sans aucun doute un soulagement politique et financier pour l'exécutif à majorité rose-verte. En cas d'annulation, la Ville aurait dû verser à l'organisateur 2 millions de francs, selon le conseiller municipal et président des Verts Omar Azzabi.
Mohamed Musadak/oang
Delémont persiste et signe
En Suisse romande, seule une grande commune semble résister pour l'instant au mouvement de retrait: Delémont. Deux fan zones y sont prévues. L'une d'elles diffusera tous les matches gratuitement à la Halle des expositions et pourra accueillir jusqu'à 1000 personnes.
Son organisateur, Edi Hirt, n'a pas réussi à déclarer forfait. "J'ai reçu beaucoup de messages qui me disent bravo, que c'est bien que j'organise quelque chose", a-t-il expliqué dans une interview à la RTS. "C'est vrai que la Coupe du monde a fait un peu de bruit, mais seulement les dernières semaines. Et c'est ça que je trouve dommage".
Interrogé lui aussi, le maire de Delémont n'a pas pris position. Il précise qu'il regardera tout de même quelques matchs.
Une question difficile partout en Suisse romande
La question de ces fan zones agite toutes les villes et plusieurs d'entre elles y ont déjà renoncé. A Lausanne, plusieurs membres de la Municipalité ont dénoncé une aberration écologique et un désastre humain. L'exécutif de Neuchâtel a pris la même décision même si une fan-zone sera tout de même installée dans le bâtiment de la Cité universitaire, qui dépend du canton.
>> Lire : Le mondial au Qatar boycotté par plusieurs villes, Vevey interdit les fans zones
Malgré l'abandon des fan zones publiques dans plusieurs villes, des bars ou des restaurants ont prévu d'en installer pour leur propre compte.