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"La police genevoise a une bonne image", défend sa commandante Monica Bonfanti

Dysfonctionnement de la police genevoise: interview de Monica Bonfanti
Dysfonctionnement de la police genevoise: interview de Monica Bonfanti / Forum / 7 min. / le 1 novembre 2022
Drogue, prostitution, alcool: la police genevoise défraye la chronique ces dernières années. Dans l'émission Forum de la RTS, Monica Bonfanti, commandante depuis 16 ans de la police du bout du lac, a défendu ses troupes.

Pour Monica Bonfanti, même si "on ne peut pas dire que tout va bien" dans la police genevoise, "il faut mettre les choses dans leur contexte". Certaines "affaires" sont encore en cours, et "la présomption d'innocence vaut aussi pour les policiers", explique-t-elle.

La commandante nuance aussi l'ampleur du problème: "L'année passée, l'Inspection générale des services a traité 73 affaires dans lesquelles il y a eu des collaborateurs de la police qui ont été impliqués. En 2020, c'était 97 affaires." Et Monica Bonfanti de relever qu'"entre 80% et 85% de ces affaires finissent avec une ordonnance de non-entrée en matière, une ordonnance de classement ou un acquittement devant les tribunaux".

"Une affaire tout simplement inadmissible"

La dernière affaire en date, ce sont des coups de feu tirés vendredi au sein même de l'hôtel de police genevois. Un agent, ivre, a blessé un collègue. Pour la commandante, "cette affaire est tout simplement inadmissible, et le comportement du policier est évidemment inexcusable".

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"Maintenant, si j'ai un policier de chez moi qui, en dehors des heures du bureau, boit des verres, devient ivre et retourne à la brigade, tire sept coups dans une poubelle et blesse un autre policier en mettant en danger les autres collaborateurs présents, je suis désolée, ça, c'est de sa propre responsabilité personnelle", souligne Monica Bonfanti. Aucun code de déontologie ne pourrait empêcher de tels actes, selon elle.

Et à la question de savoir si elle représente toujours la personne idéale pour diriger la police genevoise, Monica Bonfanti répond sans ambages "oui". Quant à la lettre que la Commission du personnel a envoyée à Mauro Poggia, son magistrat de tutelle, faisant état de graves dysfonctionnements de la direction, elle "infirme beaucoup d'allégations qui y ont été portées".

Les gens "savent faire la part des choses"

Avec toutes ces affaires, l'image de la police semble bien écornée. Mais la commandante défend que, selon un "diagnostic local de sécurité pour voir l'évolution de l'image de la police" - un diagnostic effectué en pleine affaire des Pâquis, une affaire de corruption présumée -, "la police genevoise a une bonne image auprès de 90% des personnes interrogées".

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Monica Bonfanti explique aussi qu'avec plus de 2000 collaborateurs, sur les six dernières années, il n'y a qu'une dizaine de policiers concernés par des plaintes pénales portées à la connaissance du public. Même si elle admet que "l'image de la police est bien sûr écornée", pour elle, "par rapport à la confiance que la population porte à sa police", les gens "savent faire la part des choses". Les quelque 103'000 interventions par année démontreraient que la police genevoise a de bons rapports avec la population.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Julien Furrer

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De lourds états de services

Sur les quatre dernières années, un peu plus de dix affaires pénales portée à la connaissance du public ont pu être recensées. Elles n'ont pas toutes débouché sur des condamnations. En revanche, elles posaient toutes problèmes au niveau déontologique.

En 2018, d'abord, une année particulièrement marquées par des dérapages. Il y a notamment eu l'affaire dite "des botanistes de Blandonnet", où des policiers ont volé des plants de cannabis entreposés dans le local des pièces à conviction. Aperçus et dénoncés, ils ont ramené le butin et ont été suspendus. La même année, le numéro deux de la police judiciaire aurait joué au médiateur trop pressant dans un conflit opposant une amie tenancière de bar à son employée au sujet d’un bijou.

En 2019, il y a eu la fameuse affaire des liens troubles d'au moins vingt policiers avec un proxénète du quartier des Pâquis. On reprochait aux agents d'avoir fait affaire avec le proxénète ou encore d'avoir offert du champagne à des prostituées.

Une déontologie difficile à tenir

Cette affaire avait abouti sur une poignée de condamnations pénales. Les soupçons de corruption ont été écartés, mais les autorités ont dénoncé des comportements inacceptables de la part des policiers. C'est à la suite de cette affaire qu'un nouveau code de déontologie précisant le devoir d'exemplarité a été adopté il y a un an.

Malgré tout, les affaires continuent. Rien que pour cette année 2022, quatre nouvelles affaires viennent grossir le rang des dérapages. Un inspecteur de la brigade criminelle interpellé pour viol, un commissaire en état d'ébriété au volant pendant son service ou encore des policiers soupçonnés d'être trop proches d'un garagiste et d'avoir accepté des cadeaux et des voyages. Et enfin, dernier en date, ce policier qui tire sept coups de feu au sein même de l'hôtel de police vendredi dernier.

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Mohamed Musadak