Le Conseil d'Etat genevois désapprouve le choix des candidats au poste de recteur de l'UNIGE
La procédure de nomination du futur nouveau recteur de l'Université de Genève, prévue au printemps prochain, n’en finit pas de faire des mécontents. Après avoir indigné à l'interne, comme le révélait la Tribune de Genève, la procédure de nomination s'attire désormais les foudres du Conseil d'Etat.
Selon les informations de la RTS provenant de plusieurs sources concordantes, le Conseil d'Etat a discuté des profils des deux candidats à la suite de la révélation de leurs noms par le quotidien genevois il y a un mois.
Une majorité de magistrats aurait alors dit son incompréhension face aux candidats retenus, au point d'envisager de ne pas les nommer. Il ne s’agissait toutefois pas d'une discussion formelle et le gouvernement ne peut pas se prononcer avant d’avoir reçu des propositions.
Sans attaches avec la Suisse
Les deux candidats sont deux hommes d'environ 60 ans, connus pour être d'éminents scientifiques. Le premier, Jean-Michel Rigo, enseigne les neurosciences à l’Université de Hasselt, en Flandre (Belgique). L'autre est entomologue forestier et enseigne la gestion forestière à l'Université de Laval au Québec.
Il s'agit donc de deux personnes extérieures à l'Université de Genève qui ont été retenues pour la diriger. Ce serait une première en plus de 450 ans d'histoire.
A l’interne de l’Université de Genève, où ce choix est aussi décrié, on reproche l'absence de candidatures féminines, mais aussi le fait d'avoir écarté le seul candidat interne, ainsi qu'une procédure trop abrupte.
Mais ce n'est pas tant qu'ils soient externes à l'Université de Genève qui dérange le Conseil d'Etat, selon nos informations. C'est surtout qu’ils sont étrangers, sans attaches particulières avec la Suisse. Un défaut handicapant pour le poste de recteur.
Poste politique
Ce poste est considéré éminemment politique, avec des défis importants à relever pour l'institution, comme la gestion de l'exclusion des universités suisses du Programme Horizon Europe, qui finance la recherche sur le continent.
Difficile dès lors pour le Conseil d'Etat de ne pas privilégier une personne connaissant le terrain académique suisse, les subtilités de son système politique et disposant d'un réseau local. Pourtant, ce profil avait clairement été demandé à l'Assemblée de l'Université.
Celle-ci doit encore auditionner les deux derniers candidats le 19 décembre, avant de prendre une décision et la présenter au Conseil d’Etat le 11 janvier.
Si le Conseil d’Etat devait refuser le candidat de l'Assemblée, il faudrait alors reprendre à zéro le processus de recrutement. Cela pourrait retarder la nomination d’un nouveau recteur d’environ un an.
Mohamed Musadak