A Genève, la Cour des comptes épingle le système d'alerte dans les foyers comme Mancy
La gestion des alertes est au cœur du scandale du foyer de Mancy. Si des enfants ont pu y être maltraités, privés de nourriture et même empoisonnés par surmédication, c'est que ce système d'alarme était défaillant.
Anne Emery-Torracinta, la conseillère d'Etat chargée du Département de l'instruction publique (DIP), avait elle-même identifié ce problème. Elle a toujours clamé qu'elle avait été mise au courant trop tard. Mais apparemment, les mesures prises n'ont pas suffi.
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En effet, selon l'audit, 30% des employés ne savent pas quels incidents déclarer. Il y a également une grande crainte chez eux d'être sanctionnés pour avoir dénoncé un problème.
La Cour des comptes estime que le système de remontée des alertes par voie hiérarchique est problématique. Il permet à des supérieurs de bloquer l'alarme. Les employés ne sont pas indépendants. Enfin, l'anonymat n'est pas garanti, ce qui pose problème dans un contexte de "culture de la sanction" au DIP. Résultat: 14% des personnes interrogées ont constaté des maltraitance et n'ont rien dit.
Gestion des risques à améliorer
Le rapport ne s'arrête pas là. Il évalue également la gestion des risques, une démarche qui vise à prévenir les incidents. Même si elle a le mérite d'exister, elle aussi ne fonctionne pas très bien.
La plupart des risques sont partagés entre les diverses institutions. Or, selon la Cour, il existe un manque de coordination et de pilotage qui engendre des blocages. Par exemple, le risque lié au manque de structure pour les jeunes présentant des troubles psychiques graves est identifié depuis 8 ans. Mais aucune solution satisfaisante n'a encore été trouvée, regrette la Cour.
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Recommandations de la Cour des comptes
Le rapport de la Cour des comptes relève que le DIP a mis en place les outils pour traiter les risques et les alertes en lien avec de la maltraitance, mais que des éléments du dispositif "doivent être améliorés" et que le département "doit adopter une culture interne plus propice à la transmission" des incidents par les collaborateurs.
La Cour des comptes invite en priorité à renforcer la collaboration interdépartementale et au sein du DIP sur la gestion "des risques partagés".
Sujet radio: Mohamed Musadak
Adaptation web: ami avec ats
Un avenir qui inquiète
Filippo Passardi, co-président d'Autisme Genève et parent d'un enfant autiste, n'est pas surpris par ce rapport.
"Il conforte les suppositions qu'on avait et met par écrit ce qu'on pensait déjà. Le délai de mise en place de ces mesures est pour le 31 décembre 2024, même pas 2023, ce qui veut dire que pendant deux ans, tout en sachant le système défaillant, on va être inquiet. On aimerait savoir ce qu'il va se passer dans cette intervalle. On aimerait savoir comment la prise en charge des enfants pourrait être adéquate," a-t-il réagi mercredi au micro de La Matinale de la RTS.