Le plan sectoriel de l'infrastructure aéronautique (PSIA) qui a servi de base au nouveau règlement prévoit notamment que l'aéroport de Genève accueille 25 millions de passagers par an dès 2030 et une hausse globale du nombre de vols de 18%.
Pour les riverains, le nouveau règlement nuit à la santé des quelque 30'000 personnes vivant sur le territoire. Pour les associations environnementales, il va à l'encontre de la politique climatique suisse. Pour la Chambre genevoise immobilière enfin, il s'agit d'une atteinte au droit des propriétaires, car les terrains dans la zone de bruit deviendraient inconstructibles.
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Alliés pour le recours
Tous se sont donc alliés pour ce recours, mené par la Coordination régionale pour un aéroport de Genève urbain, respectueux de la population et de l’environnement (CARPE), qui s'appuie sur la volonté des Genevoises et des Genevois. En 2019, la majorité de la population avait accepté une initiative pour une croissance mesurée de l'aéroport.
Conseillère aux Etats et présidente de la CARPE, Lisa Mazzone a dénoncé à travers le contenu de ce nouveau règlement une fuite en avant dans "l'exploitation débridée" de l'aéroport de Genève.
Pendant des années, l'aéroport a été dépassé par son succès fondé sur l'aviation "low cost", a expliqué devant les médias Jean-Daniel Borgeaud, l'avocat qui va défendre le recours devant le TAF. Cette évolution est incompatible avec les objectifs de diminution d'émissions de CO2 que se sont fixés cantons et Confédération.
La Chambre genevoise immobilière s'est associée au recours de la CARPE et des organisations de riverains ATCR et ARAG. Tout en rappelant l'importance économique de l'aéroport, son secrétaire général Christophe Ameunier a indiqué que dans le périmètre touché par la courbe de bruit, la valeur des immeubles va se dégrader.
Des parcelles inconstructibles
De plus, certaines parcelles vont devenir inconstructibles. Des projets vont être abandonnés, alors que Genève continue de souffrir d'une pénurie de logements. Selon Alain Rosset, président de l'Association des riverains de l'aéroport (ARAG), 80% du territoire de la commune de Genthod va devenir inconstructible.
Le nouveau règlement d'exploitation de l'Aéroport de Genève a été accepté par le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) en novembre dernier. Il est l'aboutissement d'un processus qui a commencé en 2013 entre les services fédéraux, le canton de Genève et l'aéroport.
Contacté, l'aéroport a répondu à la RTS qu'il s'est engagé à réduire le bruit au niveau de l'année 2000 et que le nouveau règlement comprend justement différentes mesures pour réduire le bruit, notamment l'introduction de quotas pour les vols nocturnes.
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Sujet radio: Anouk Pernet
Adaptation web: kkub avec ats
Deux fois plus de passagers, mais moins qu'en 2019
L'aéroport de Genève a vu le nombre de passagers doubler (+137,8%) en 2022, en dépit d'un début d'année dernière ralenti par le variant Omicron. Pour l'exercice écoulé, la plateforme aérienne annonce un retour aux chiffres noirs.
Plus de 14 millions de passagers ont été enregistrés sur la plateforme aéroportuaire genevoise, indique un communiqué. La nouvelle aile Est, destinée aux vols long-courriers, a accueilli 4,48 millions de voyageurs.
Encore 12% de moins qu'en 2019
Le total des atterrissages et décollages a atteint plus de 160'000 mouvements, une augmentation de 64,4% par rapport à 2021, mais 12,3% de moins qu'en 2019, souligne le document.
"Ces deux indicateurs - mouvements d'avions et passagers - mettent en évidence une sortie de crise et une entrée dans une phase de stabilisation," déclare Genève Aéroport.
En outre, l'aéroport a desservi 146 destinations en 2022, contre 139 l'année précédente.