"Un homme m'a approché à l'arrêt de bus, a commencé à me poser des questions, puis m'a demandé si je voulais faire des choses à caractère sexuel. Sur le moment, j'étais abasourdie", raconte Julie, mardi dans le 19h30. "Je me suis levée et il m'a pris le bras. A ce moment-là, j'ai eu peur", poursuit-elle.
Très affectée par cette agression, elle en parle à une amie qui lui conseille de signaler l'événement sur l'application "Genève en poche". Une fonctionnalité de cette plateforme d'informations pour la population genevoise permet depuis juin de dénoncer le harcèlement de rue à la police municipale.
Quelques heures après son signalement, Julie est recontactée par un agent de police, qui l'oriente vers une association. Le harcèlement qu'a subi la jeune femme n'est pas constitutif d'infractions pénales. Mais pour elle, le fait de se sentir écoutée par les forces de l'ordre est déjà une bonne chose.
Une écoute et un accompagnement
Depuis l'apparition de la fonctionnalité il y a six mois, l'application a reçu 183 signalements, dont 142 ont été rapportés par des femmes. Les insultes à caractère sexuel et les regards insistants sont parmi les signalements les plus fréquents.
Au total, huit agents de la police municipale genevoise ont été formés pour recevoir ces dénonciations. "Nous n'allons pas dire à la victime ce qu'il faut faire, mais nous allons être là dans un premier temps pour l'écouter, puis la diriger selon ses désirs", explique Diogo Ferreira Oliveira, agent spécialiste de la cellule harcèlement de rue.
Christine Camp, cheffe de service de la police municipale de la ville de Genève, ajoute qu'il s'agit aussi de reconnaître les personnes en statut de victime, même si les agressions ne constituent pas des infractions selon le Code pénal.
Mieux prévenir le harcèlement
Lors d'un signalement, il est demandé de renseigner plusieurs informations, telles que l'heure ou le lieu. Ces données seront ensuite utilisées pour faire de la prévention.
"Cela permet de renforcer l'action de la police municipale en cartographiant le phénomène pour envoyer les patrouilles de police municipale au bon moment et au bon endroit", appuie la maire de Genève Marie Barbey-Chappuis.
Sur l'ensemble des signalements, trois ont abouti à des plaintes pénales.
Camille Rivollet/iar