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Trois condamnés et 2 acquittés pour l'incendie du foyer des Tattes à Genève

Incendie du foyer des Tattes à Genève : 3 des 5 prévenus sont reconnus coupables d'homicide involontaire
Incendie du foyer des Tattes à Genève : 3 des 5 prévenus sont reconnus coupables d'homicide involontaire / 19h30 / 2 min. / le 20 janvier 2023
Le Tribunal de police de Genève a rendu vendredi son verdict dans l'affaire de l'incendie du foyer pour migrants des Tattes. Le juge a prononcé deux acquittements et trois condamnations, dont une peine de prison de 15 mois avec sursis.

L'incendie s'était produit une nuit de novembre 2014. Un résident du foyer était mort, asphyxié. D'autres occupants, paniqués en voyant la fumée, s'étaient gravement blessés en sautant des fenêtres. Le feu s'était déclaré dans un bâtiment de trois étages qui abritait des hommes célibataires.

Le juge a acquitté l'ancien coordinateur de la sécurité incendie du foyer, qui devait répondre d'homicide et de lésions corporelles par négligence. Le Ministère public reprochait à ce responsable de n'avoir pas pris les mesures suffisantes pour éviter qu'un départ de feu aux Tattes ne vire à la tragédie.

Le Tribunal de police a rappelé que le coordinateur de la sécurité incendie de l'Hospice général n'avait pas que les Tattes sous sa supervision. Il s'occupait d'une trentaine de sites. Vu l'ampleur de la tâche, il était inconcevable qu'il s'adresse à chaque agent de sécurité pour vérifier si les procédures étaient bien comprises.

Le tribunal a également acquitté un résident du foyer qui était poursuivi pour omission de prêter secours. Le juge a estimé envisageable que cet homme, qui a vu de la fumée s'échapper d'une chambre, ait frappé à la porte du local des agents de sécurité en criant au feu, avant de disparaître dans la nature.

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Erreurs des agents

En revanche, le Tribunal de police a condamné à des peines pécuniaires avec sursis deux agents de sécurité qui ont tenté d'éteindre le feu, mais qui ont interverti les priorités lors de leur intervention. Ils sont reconnus coupables d'homicide par négligence et de lésions corporelles par négligence.

Le juge a estimé que les deux agents, pourtant au courant des règles de sécurité lors d'un incendie, ont voulu d'abord éteindre le feu avant de penser à évacuer les 150 occupants du bâtiment. Leur comportement, notamment en ouvrant une porte coupe-feu, a eu pour conséquence de propager la fumée dans les étages.

Selon le Tribunal de police, même si leurs intentions étaient louables et qu'ils n'ont jamais voulu causer un tel résultat tragique, la faute des deux agents est importante. Ils ont voulu faire le travail des pompiers et ont agi, de ce fait, "au mépris de la sécurité d'autrui".

Mégots ou plaque de cuisson

Le migrant algérien qui occupait la chambre où le feu s'est déclaré écope, lui, de 15 mois de prison avec sursis. Il est reconnu coupable d'incendie par négligence, d'homicide par négligence et de lésions corporelles par négligence. Le Tribunal de police a estimé que l'homme avait fait preuve de légèreté la nuit du drame.

Même si la cause de l'incendie n'a pas pu être déterminée précisément, l'enquête a montré que le feu est parti soit d'une poubelle contenant des mégots, soit d'une plaque de cuisson encore brûlante. En quittant sa chambre sans se soucier de ces deux sources de chaleur, le prévenu a fait fi des règles de sécurité élémentaires.

La quinzaine de victimes de l'incendie et leurs proches obtiennent, au total, pour environ 200'000 francs de réparation pour tort moral. Cette somme devra être payée par les trois prévenus qui ont été condamnés, a souligné le juge. La plus petite indemnité s'élève à 1000 francs, la plus grande à 35'000 francs.

Dans un communiqué, l'Hospice général a pris acte "avec satisfaction" de l'acquittement total de son ancien responsable de la sécurité incendie.

>> Regarder l'interview de l'avocate Sophie Bobillier sur Forum :

La justice genevoise livre son verdict de l'incendie controversé du foyer des Tattes: interview de Sophie Bobillier (vidéo)
La justice genevoise livre son verdict de l'incendie controversé du foyer des Tattes: interview de Sophie Bobillier (vidéo) / Forum / 3 min. / le 20 janvier 2023

ats/rad

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