"On veut arrêter la ségrégation pour ceux qui arrivent à être dans des classes mixtes avec encadrement et généraliser les classes spécialisées. On veut une seule école", a résumé mercredi le député socialiste auteur du texte Cyril Mizrahi, par ailleurs vice-président de la Fédération genevoise des associations de personnes handicapées et de leurs proches (FéGAPH) et avocat de Inclusion handicap.
Le projet de loi prévoit de réduire les effectifs des classes dites inclusives afin qu'elles puissent accueillir jusqu'à quatre élèves à besoins pédagogiques spéciaux, avec un enseignant spécialisé travaillant au côté de l'enseignant régulier. Quant aux classes spécialisées, elles compteront jusqu'à huit élèves, avec un taux d'encadrement d'un enseignant à plein temps pour trois élèves.
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"Bonne expérience" tessinoise
Au Tessin, ce modèle existe depuis 2011. Sur les 500 élèves à besoins pédagogiques spéciaux, 150 fréquentent une des 49 classes inclusives du canton, a expliqué le conseiller d'Etat Manuele Bertoli, en charge de l'Instruction publique. Les 350 autres vont dans des classes spéciales à effectifs réduits, elles aussi situées dans les écoles régulières, une spécificité encore plus ancienne.
"L'expérience est bonne", a relevé le magistrat tessinois, saluant le fait que ce modèle permet aux élèves d'avoir un rapport social plus normal avec leurs pairs et d'être scolarisés plus près de chez eux. Le canton compte à présent 420 enseignants spécialisés sur les 3927 enseignants de l'école obligatoire.
"Du saupoudrage"
Mises en place à Genève en 2014, les mesures pour l'école inclusives sont qualifiées de "saupoudrage" par la députée Verte Marjorie de Chastonay, présidente de la FéGAPH. Agé de 20 ans, son fils autiste étudie à présent dans le privé, après avoir été ballotté d'un système à un autre. "Les projets ne vont pas jusqu'au bout. L'école inclusive manque de moyens financiers, de personnel formé et de locaux", déplore-t-elle.
"L'inclusion dès le plus jeune âge a un coût, mais c'est un investissement éthique. Les personnes gagnent en liberté et en autonomie", souligne la députée, tout en rappelant que les institutions spécialisées coûtent, elles aussi. Le but du projet de loi est d'éviter à ceux qui le peuvent de passer dans l'enseignement spécialisé dont la formation n'est pas reconnue.
En pause dans le canton de Vaud
Le modèle de l'école inclusive existe aussi dans le canton de Berne, où plusieurs élèves à besoins particuliers peuvent être inclus dans les classes. Dans le canton de Vaud, le projet a été mis sur pause l'an passé. Parents et corps enseignant estimaient que le gouvernement avait voulu aller trop vite, sans disposer de ressources suffisantes. Ce concept nécessite des ajustement et la base doit être consultée, a admis le chef du Département de l'enseignement Frédéric Borloz en août 2022. Les réticences sont similaires à Neuchâtel, où un projet pour plus d'inclusion est en gestation.
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cab avec ats