En première ligne lors de la pandémie de Covid-19, elles étaient infirmières aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et ont contracté le virus pendant leur activité. Deux ans plus tard, elles en gardent encore des séquelles.
"Tout ce qui peut paraître normal pour vous me demande à moi de l’énergie", explique Gloria Castro jeudi dans le 19h30 de la RTS. "Cette fatigue m'oblige à tout planifier et organiser à l'avance, cela demande du repos avant et après", abonde une autre ancienne infirmière des HUG, qui témoigne anonymement.
Diagnostiquées d'un Covid long, il leur est impossible de reprendre leur poste.
Un sentiment d'injustice
Après plus de deux années sans travail, les HUG leur annoncent un licenciement à venir. "L'entretien était froid et expéditif. J'ai essayé de plaider ma cause comme j'ai pu, en disant que j'étais encore capable de travailler à un petit taux d'activité", rapporte cette infirmière.
"Mon RH m'a dit qu'il y avait 1400 postes et qu'aucun n'était pour moi", ajoute-t-elle.
Ce refus est vécu comme une douche froide par les deux soignantes. "Comme je ne suis plus rentable, je ne suis plus employable", conclut Gloria Castro. "J'ai ressenti énormément de colère et un sentiment d'injustice profond."
Le cadre légal respecté
Contactés, les HUG soutiennent avoir respecté le cadre légal et ne pas pouvoir commenter des situations individuelles. Ils affirment favoriser le retour en emploi en cas de maladie professionnelle.
"Si la reprise n'est pas possible dans l'emploi d'origine, les HUG identifient les disponibilités en postes adaptés aux restrictions médicales (...) de la personne", affirme par écrit l'hôpital.
Pour le conseiller d'Etat genevois en charge de la Santé Mauro Poggia, il n'y a rien d'anormal dans cette démarche. "On a l'impression que le Covid long est une super-maladie qui touche des super-héros. Sans minimiser le travail qui a été fait par le personnel soignant, c'est une maladie qui doit être reconnue comme telle, avec les conséquences qui sont celles de n'importe quelle autre condition diminuant les capacités de travail", affirme-t-il.
S'il est impossible pour l'heure de savoir combien d'infirmières seraient concernées par cette situation, certaines envisagent déjà de déposer un recours en cas de licenciement, a appris la RTS.
Sujet TV: Claire Eckersly
Adaptation web: iar