Genève a pourtant élaboré un concept "adéquat" de réinsertion des détenus, qui inclut la mise en place de formations certificatives et l'allégement progressif des mesures de détention afin de favoriser une resocialisation et éviter des sorties de prison "sèches". Son application est toutefois loin d'être satisfaisante.
A Genève, "on sert de la tambouille", a résumé devant les médias François Paychère, magistrat titulaire à la Cour des comptes. Le gros problème rencontré par le canton est la surpopulation de la prison de Champ-Dollon. L'établissement ne dispose tout simplement pas d'assez de places de travail.
Surpopulation carcérale
Cette situation de surpopulation conduit aussi à l'instauration d'un régime unique pour l'ensemble des détenus. Ceux qui exécutent leur peine et qui ont, selon le droit fédéral, l'obligation de travailler, sont traités de la même façon que ceux qui se trouvent à Champ-Dollon en détention préventive.
Les détenus bénéficient également peu, avant leur libération, de l'adoucissement progressif de leurs conditions de détention. La faute est à mettre sur le compte du manque d'établissements appropriés. Il rend difficile la mise en place d'une détention en milieu "ouvert", où les personnes ne sont en cellule que la nuit.
Aujourd'hui, le droit fédéral, qui insiste sur la resocialisation et la réinsertion des détenus qui exécutent leur peine, n'est pas respecté à Genève, a souligné François Paychère. La Cour des comptes a adressé trois recommandations à l'Office cantonal de la détention, toutes acceptées.
"Meilleure séparation"
Elle préconise notamment une meilleure séparation, à Champ-Dollon, entre les détenus en détention préventive et ceux en exécution de peine. La Cour des comptes recommande aussi de favoriser le passage des détenus en milieu ouvert, afin de combattre les effets nocifs de la privation de liberté sur eux.
"Nous faisons tout ce qui est possible dans le périmètre de nos bâtiments", a indiqué Raoul Schrumpf, directeur stratégique auprès de l'Office cantonal de la détention. Mais dans la situation actuelle, a-t-il confié, le canton de Genève est incapable d'offrir à chaque détenu une formation certificative.
ats/vajo