En Europe, les années 30 sont turbulentes et l'hypothèse d'une nouvelle guerre est déjà évoquée. Pour se prémunir, la Suisse décide dès 1934 de mettre en place des mesures pour protéger la population en cas de bombardements.
A Genève, un abri est notamment construit dans la Vieille-Ville, sous un bâtiment de l'Etat. Il servira de poste de commandement pour la Protection civile. Pour y accéder, il faut descendre 65 marches, traverser deux couloirs et trois portes plombées.
"Il s'agit de l'abri de commandement de la défense aérienne passive de Genève pendant la Seconde Guerre mondiale. Passive, parce qu'il s'agit juste ici de protection de la population et des biens", détaille Mathieu de la Corbière, directeur de l'Office du patrimoine de Genève.
Genève bombardée
Dans le détail, l'abri est comme un tunnel, qui ferait une quinzaine de mètres de long. "On a deux salles au premier niveau, et deux salles au deuxième niveau", détaille Bénédict Frommel, historien du patrimoine.
Une infrastructure d'où l'avertissement d'un danger imminent doit partir, mais qui faillira à sa mission en 1940, quand un bombardement allié touchera par erreur la Cité de Calvin.
"Pris dans un orage la nuit du 11 au 12 juin 1940, une avion d'une escadrille anglaise va se perdre au-dessus de Genève et larguer huit bombes sur les quartiers de Champel et de Carouge. Il y a aura quatre morts et une quinzaine de blessés graves", rappelle Mathieu de la Corbière.
L'alarme censée être déclenchée depuis le poste de commandement partira trop tard, le chef d'Etat-major ayant trop hésité. Au total, les sirènes retentiront plus de 200 fois jusqu'en 1945.
Un abri désormais classé
En 2000, le Conseil d'Etat avait d'ailleurs encore prévu de s'y réfugier, pour échapper à la colère des manifestants anti-G8 et de ressortir incognito, par une porte dérobée.
Unique en son genre, l'abri bien conservé sera finalement classé au patrimoine par le gouvernement cantonal en 2020.
Chantal Pannatier/ther