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Pharmacies et hôpitaux produisent eux-mêmes certains médicaments en rupture de stock

La pénurie de médicaments s’est aggravée depuis le début de l’année dans les pharmacies suisses
La pénurie de médicaments s’est aggravée depuis le début de l’année dans les pharmacies suisses / 19h30 / 2 min. / le 13 février 2023
Alors que la Suisse connaît toujours une pénurie de médicaments, les pharmacies comme les hôpitaux tentent de s'adapter en produisant eux-mêmes certains produits très demandés.

Le constat est le même dans toutes les pharmacies: les rayons sont vides. "Il y a beaucoup de produits qui manquent, on essaie de jouer un peu avec les emballages. C'est une période assez catastrophique", explique lundi dans le 19h30 Olivier Chastonay, pharmacien responsable de la Pharmacie Bleue.

Ce ne sont pas des médicaments particuliers ou très spécialisés qui manquent, ce sont plutôt les pilules stars, notamment celles qui sont destinées aux enfants.

"L'Algifor, un anti-inflammatoire, médicament qui est prescrit plusieurs fois par jour par tous les pédiatres, est en rupture de stock. Ou l'Amoxi Mepha, un antibiotique à large spectre qui est extrêmement prescrit. Ces deux produits seront en rupture jusqu'à début avril", poursuit Olivier Chastonay.

Des produits plus chers

Quand les alternatives n'existent pas, la pharmacie produit elle-même, par exemple une centaine de bouteilles de sirop anti-inflammatoires depuis le début de l'année. Celles-ci sont vendues uniquement sur ordonnance, mais six fois plus cher que le produit original.

"Ce n'est pas quelque chose qui est produit à la chaîne. Ce qui est produit en laboratoire coûte quand même beaucoup plus, même si on essaie d'adapter les prix. Ces préparations magistrales sont des médicaments qui sont remboursés, s'ils sont prescrits", conclut Olivier Chastonay.

Les hôpitaux aussi touchés

Les pénuries de médicaments sont documentées par la Confédération depuis 2016. La situation s'aggrave presque continuellement, avec 35 notifications de perturbations de médicaments en 2016, contre 201 en 2022, un record.

La situation est également préoccupante pour les Hôpitaux universitaires genevois. "Je pense qu'on a malheureusement gravi un échelon. L'année dernière, on a recensé deux productions qui ont permis de sauver certaines situations. Cette année, après 40 jours, on en est déjà à quatre productions en interne pour pallier les ruptures", constate Cyril Stucki, pharmacien adjoint aux HUG.

Les HUG, le CHUV et d'autres hôpitaux romands ont lancé des collaborations plus poussées pour améliorer leur approvisionnement.

"La liste des médicaments manquants change tous les jours"

Interrogée dans le 19h30, Nathalie Vernaz, pharmacienne cantonale à Genève, a relevé que la liste des médicaments qui manquent change tous les jours. "Quand le pharmacien arrive le matin, il ne sait pas quel médicament sera à nouveau disponible et celui qui ne le sera plus. En ce moment, cela touche particulièrement les médicaments pour les enfants, des patients vulnérables. Le pharmacien doit donc être très attentif pour trouver des alternatives qui sont identiques."

Nathalie Vernaz a également appelé à ne pas faire de stock, "car cela aggraverait significativement la situation".

>> L'interview de Nathalie Vernaz dans le 19h30 :

Médicaments en rupture de stock: Entretien avec Nathalie Vernaz, pharmacienne cantonale genevoise
Médicaments en rupture de stock: Entretien avec Nathalie Vernaz, pharmacienne cantonale genevoise / 19h30 / 2 min. / le 13 février 2023

Reportage TV: Julien Chiffelle

Adaptation web: lan

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