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La BD "Astérix chez les Helvètes" représente-t-elle fidèlement la Genève romaine?

La bande dessinée Astérix chez les Helvètes représente assez fidèlement Genève à l'époque romaine
La bande dessinée Astérix chez les Helvètes représente assez fidèlement Genève à l'époque romaine / Couleurs locales / 2 min. / le 13 février 2023
La représentation de Genève dans la bande dessinée "Astérix chez les Helvètes" correspond-elle à une réalité historique? L'émission Couleurs Locales a voulu en avoir le cœur net.

Dans un passage de cet album de 1970, Astérix et Obélix tentent d'échapper à une patrouille romaine en se cachant dans un champ de céréales situé sur la rive droite du Rhône. De cette position, les deux Gaulois ont une superbe vue sur la petite cité qui se trouve de l'autre côté du fleuve, qu'enjambe un solide pont en pierre.

Béatrice Blandin, la conservatrice du Musée d'art et d'histoire de Genève (MAH), a reçu la mission de séparer le vrai du faux de cette représentation.

En ce qui concerne l'emplacement des lieux, Uderzo, le dessinateur d'Astérix, ne s'est pas trompé. Lorsque César est passé à Genava, en 58 avant J.-C., la cité pouvait ressembler dans les grandes lignes à ce qui est dépeint dans la BD.

"Le pont, c'est juste", déclare Béatrice Blandin. "C'est celui que César a démoli", précise-t-elle. Le but de ce sabotage était de freiner les Helvètes, qui voulaient passer en territoire allobroge, où se trouve Genève et qui est déjà sous domination romaine. Cet événement est raconté par César lui-même dans son livre La guerre des Gaules.

Il y avait donc bien un pont à la hauteur de l'Île. Quant au bourg, il se trouve effectivement là où se situe maintenant la vieille ville et la cathédrale Saint-Pierre.

Béatrice Blandin montre une vue des environs de Genève au début de l'époque romaine. Cette représentation, qu'on trouve au MAH, est basée sur des données archéologiques. [RTS]
Béatrice Blandin montre une vue des environs de Genève au début de l'époque romaine. Cette représentation, qu'on trouve au MAH, est basée sur des données archéologiques. [RTS]

Pas un fac-similé

Mais, à y regarder d'un peu plus près, l'experte décèle aussi quelques incohérences. "Sur la bande dessinée, le pont est en pierre monumentale avec des tours, alors que dans la réalité, c'était un pont en bois, qui enjambait l'Île", souligne Béatrice Blandin. "L'emplacement du vicus correspond, il est sur la colline Saint-Pierre. Par contre, l'environnement semble très sauvage (à part le champ), alors que la campagne était, dans la réalité, sillonnée de routes et il y avait différents établissements", précise la conservatrice du MAH.

Dernier sujet à caution, la toiture des bâtiments: "Les briques et les tuiles, c'est vrai que les romains nous les ont amenées. En revanche, Genève n'avait pas à cette époque des toits en tuiles. Ça, c'est faux! L'architecture monumentale va se développer à Nyon, la colonie romaine". Cette colonie fut fondée dans les années 40 avant J.-C. pour y installer des vétérans de l'armée de Jules César, d'où son nom, Colonia Iulia Equestris.

"Vrai ou faux, on s'en fiche totalement!"

La vision de Genève signée Uderzo est donc à cheval entre le vrai et le faux. Mais au fond, peu importe. "Uderzo, qui est l'un des plus grands dessinateurs qui existent, n'a pas besoin forcément d'avoir une documentation très stricte quand il dessine Genève", affirme le dessinateur Fiami. "Pour une raison très simple: Astérix fonctionne avec des clichés. (…) Vrai ou faux, on s'en fiche totalement", s'exclame-t-il. Et de conclure: "L'important, c'est que ça marche!"

>> A consulter également : Podcast - Comment explique-t-on le succès d'Astérix?

Sujet TV: Jost Von Reding

Adaptation web: Antoine Michel

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Un lac source d'inspiration

Chez les Helvètes, Astérix et Obélix n'emprunteront pas le fameux pont pour se rendre en ville, qu'ils rejoindront à la nage. Il n'y a pas que les deux Gaulois et le mangeur de fondue maladroit qu'ils repêchent à avoir fait trempette dans le Léman. D'autres personnages de bande dessinée de passage par Genève ont eux aussi goûté aux eaux du lac. Tintin, notamment, lors de la célèbre Affaire Tournesol (1956).

Plus récemment, le capitaine Blake s'est rendu à bord du Vevey de la CGN pour une réunion avec des pontes des services de renseignement occidentaux. Une escapade lacustre à retrouver dans le dernier opus de la série Blake et Mortimer, Huit heures à Berlin, de Jean-Luc Fromental, José-Louis Bocquet et Antoine Aubin, et paru en novembre 2022.