L'intérêt soudain de la Confédération pour la traversée surprend, car ce dossier traîne à Genève depuis de nombreuses années. En 2016, le peuple avait plébiscité à plus de 60% le principe d'une traversée, mais depuis lors, rien de concret n'a été lancé.
Pour rappel, le but est de désengorger le trafic à Genève, qui ne peut compter que sur le pont du Mont Blanc pour passer d'une rive à l'autre. Avec cette traversée, les distances entre les deux rives du lac seraient raccourcies, ce qui permettrait de mieux relier les territoires situés en France et dans le canton de Vaud.
Sans surprise, le hic concerne le coût du projet. On l'estime à près de cinq milliards de francs. Pour plusieurs députés genevois, il apparaît donc impossible que la Confédération donne son aval à la construction.
Un débat relancé
La mention du Conseil fédéral relance toutefois un débat qu'on croyait mort et enterré à Genève, car Berne indique bel et bien que la traversée du lac est "prévue à long terme", même si ses intentions sont encore floues et qu'aucune validation ni budget ne sont articulés pour le moment.
Pour le Département genevois des infrastructures, qui est géré par Serge Dal Busco, c'est un succès, puisque c'est la première fois que le projet est ainsi mentionné dans un message validé par le Conseil fédéral.
Le département veut maintenant aller de l'avant et souhaite remettre à l'OFROU un dossier d'études approfondi pour début 2025.
Réactions contrastées à Genève
Du côté des politiques, les réactions sont contrastées à Genève. Le député PLR Murat-Julian Alder s'en réjouit, en expliquant que "sept ans après la votation populaire, le projet ne relève plus de la science-fiction". D'après lui, Genève doit se doter au plus vite de cette traversée pour désengorger le centre-ville.
Même enthousiasme pour Jacques Blondin, député du Centre, qui voit là un vrai signal du côté de Berne. La traversée du lac sera, selon lui, le travail de la prochaine décennie.
Pour la conseillère nationale Verte Delphine Klopfenstein, Berne envoie bien là un signal, mais un mauvais signal. Elle dénonce les choix politiques du Conseil fédéral en matière de mobilité, car accepter cette traversée signifierait privilégier le transport motorisé à la mobilité douce.
Rien de concret pour l'instant
Il reste toutefois difficile de dire si ce message de Berne aura un véritable impact sur le projet. Pour Thomas Wenger, député socialiste à Genève, la Confédération ne mettra pas un sou pour cette traversée du lac. D'après lui, cette vague mention dans un document montre justement que le projet stagne.
La traversée ne figure par ailleurs dans aucun autre document. Mercredi, la Confédération a par exemple précisé sa contribution pour plusieurs projets d'agglomérations cantonaux et la traversée du lac n'y figure pas.
Avec son message, le Conseil fédéral invite surtout le Parlement à se pencher sur la question. Un projet d'une telle envergure, romand de surcroît, dispose de moins de chances de passer devant les Chambres fédérales, d'autant plus si ses représentants à Berne sont divisés sur la question.
Gabriela Cabré/ther