Les listes définitives des candidates et candidats à l'exécutif cantonal ont été dévoilées début février. Quatre magistrats sortants figurent parmi les 23 candidats en lice pour le premier tour de l'élection au Conseil d'Etat: le socialiste Thierry Apothéloz, les Verts Antonio Hodgers et Fabienne Fischer ainsi que la PLR Nathalie Fontanet.
Les départs annoncés des ministres sortants Anne Emery-Torracinta (PS), Serge Dal Busco (Le Centre) et Mauro Poggia (MCG) laissent planer un certain suspense dans cette élection et pourrait bien rebattre les cartes.
L'union fait (presque) la force à gauche
Deux femmes, deux hommes: les candidats du PS et des Verts – Carole-Anne Kast, Fabienne Fischer, Thierry Apothéloz et Antonio Hodgers – figurent sur une liste unique dès le premier tour au Conseil d'Etat.
Les deux camps ont opté pour des visages bien connus des Genevois et Genevoises pour essayer de conserver la majorité au gouvernement. Tout l'enjeu sera donc de voir si les trois ministres de gauche en poste et leurs bilans respectifs auront convaincu la population au cours de ces dernières années.
Comme pour l'élection au législatif (voir encadré), Ensemble à gauche part désunie et présente deux listes distinctes. EàG-SOL.DAL.PdT lance trois candidats (Françoise Nyffeler, Alexander Eniline et Teo Frei) et la liste d'Union populaire deux (Jean Burgermeister et Stefanie Prezioso).
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Morcelée, la droite pourra-t-elle créer la surprise?
C'est plus divisée que jamais que la droite se présente au premier tour de l'élection au Conseil d'Etat. Preuve en est: la traditionnelle Entente est en coma artificiel. Le Centre et le PLR n'ont pas réussi à se mettre d'accord et ont décidé de faire bande à part, contrairement à ce qui s'est fait dans d'autres cantons, comme Vaud et Fribourg. Il n'y a pas non plus eu de coalition avec les Vert'libéraux (Marie-Claude Sawerschel et Marc Wuarin), le Mouvement citoyen genevois (MCG), ou l'UDC (Lionel Dugerdil et Michael Andersen), qui ont lancé un dernier appel à une large alliance de droite le jour du dévoilement des listes.
Le siège MCG laissé vacant par Mauro Poggia suscite de nombreuses convoitises. Ce départ annoncé met le parti sur un potentiel siège éjectable et il reviendra à Philippe Morel d'essayer de le conserver. "Ça sera très compliqué, parce que le MCG est plutôt dans une phase descendante à Genève", analyse le politologue de l'UNIGE Pascal Sciarini sur la RTS.
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Les deux candidats du Centre – Delphine Bachmann et Xavier Magnin – auront aussi la tâche de sauver le siège du ministre des infrastructures Serge Dal Busco.
En quête de sa nouvelle identité depuis l'affaire Maudet, le PLR comptera sur la sortante Nathalie Fontanet pour tirer son épingle du jeu et peut-être emmener dans son sillage la deuxième candidate des libéraux-radicaux, Anne Hiltpold.
D'éventuelles réconciliations des partis de droite durant l'entre-deux tours pourraient toutefois rebrasser les cartes.
Les électrons libres
L'élection du 2 avril se distingue des précédentes par l'émergence de nouveaux partis ou mouvements qui présentent également des candidats. Parmi eux, le candidat de l'Elan radical Roland-Daniel Schneebeli (ancien PLR), et deux anciens conseillers d'Etat Luc Barthassat (CIVIS et ex-PDC) et Pierre Maudet (Libertés et justice sociale), qui ont chacun fondé leur propre formation en vue de cette élection.
Rares sont ceux qui s'avancent sur le résultat que pourrait obtenir l'ancien PLR. Mais lors de l'élection complémentaire de 2021, Pierre Maudet avait fait un bon score malgré l'affaire qui l'entourait (l'acceptation d'un avantage lors de son voyage à Abu Dhabi pour lequel il a été condamné). Le candidat de Libertés et justice sociale avait même devancé son ancien camarade de parti, le PLR Cyril Aellen, qui avait terminé troisième du premier tour et qui s'était retiré dans la foulée.
"Pierre Maudet fait quand même partie de l'establishment. Il a été élu et a été au pouvoir pendant des années. Maintenant, il essaie de se profiler un peu sur cette fibre presque populiste et assez démagogique de la personne qui veut défendre les petits. C'est clairement une posture électoraliste qui pourrait marcher", estime Pascal Sciarini.
Philippe Oberson (Résistance populaire) et Olivier Pahud (Evolution Suisse) font aussi bande à part.
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Jérémie Favre
Grand Conseil: un quorum qui pourrait faire mal aux partis établis
Le nombre de candidatures pour l'élection au Grand Conseil a battu le record de 2018, établi à 623 personnes sur treize listes. Le 2 avril, les 690 candidats, dont 268 femmes, seront répartis sur douze listes.
Les partis devront obtenir le quorum de 7% des voix pour pouvoir siéger au Grand Conseil genevois. Compte tenu du nombre de listes à disposition des électrices et des électeurs, cette élection pourrait être délicate pour de nombreux partis, avec – comme pour le Conseil d'Etat – un éclatement à droite, loin des alliances dans les cantons de Vaud ou de Fribourg.
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Des partis établis comme Ensemble à gauche (7,83% des suffrages en 2018), l'UDC (7,32%), le Centre (10,71%) ou le MCG (9,43%) pourraient être menacés.
Sur les 690 candidats, la plus jeune candidate a 18 ans, tandis que le doyen est âgé de 92 ans.
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