"Genève n'a pas à avoir honte de son histoire. Le 'Cé què lainô" fait partie de notre patrimoine. Il reflète le contexte de l'époque et n'est ni sanguinaire ni antilaïque", a déclaré Stéphane Florey, premier signataire du projet de loi. Celui-ci fait suite au dépôt, par le socialiste Sylvain Thévoz, d'une question urgente écrite demandant notamment si ce chant est compatible avec la laïcité.
L'inscription dans la constitution vise à empêcher toute tentative de réécriture du chant. La proposition plaît à toute la droite, qui s'insurge contre le wokisme. "Nous sommes convaincus que le peuple nous donnera raison en votation", a affirmé M. Florey. Pour le député PLR Murat-Julian Alder, ancien constituant, l'absence d'inscription dans la charte fondamentale en 2012 est "une lacune".
"Personne ne conteste que c'est notre hymne", lui a rétorqué le PS Cyril Mizrahi, lui aussi ancien constituant. "On n'a pas de problèmes à Genève, on a le temps de se permettre ce type de débats", a-t-il raillé tandis que des députés de droite se mettaient à chanter. "Il n'est pas question de modifier ce chant. Ce débat est une récupération politique indigne", a dénoncé son collègue Thomas Wenger.
"Une genevoiserie de plus"
"On peut remercier un député d'avoir allumé la mèche, il a perdu une belle occasion de se taire. Mais on ne répond pas à une absurdité par une autre absurdité", a commenté le président du Conseil d'Etat Mauro Poggia. Selon lui, aucun canton ne mentionne d'hymne dans sa constitution. "Ce serait une genevoiserie de plus", a-t-il critiqué.
Pour le magistrat, un renvoi du projet de loi à la commission législative, tel que demandé par le Vert François Lefort, permettrait effectivement d'étudier d'autres manières de faire. Le Jura, par exemple, a décrété par arrêté que "La Nouvelle Rauracienne" est l'hymne cantonal, a-t-il indiqué.
Le renvoi en commission a été refusé par la droite, qui a ensuite accepté l'entrée en matière par 46 oui, 11 non et 13 abstentions tandis que le PS quittait la salle. Afin d'éviter l'adoption de la modification constitutionnelle en urgence et une votation populaire dans la foulée, Mauro Poggia n'a pas demandé le troisième débat. Celui-ci se poursuivra à une prochaine session parlementaire.
ats/fgn