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Le personnel pénitentiaire genevois est "en souffrance", selon un rapport

A Genève, un rapport de la sous-commission de contrôle de gestion pénitentiaire pointe du doigt la gestion des ressources humaines du secteur de la détention. [Keystone - Martial Trezzini]
Un rapport révèle de graves dysfonctionnements à l'Office cantonal genevois de la détention / Le 12h30 / 1 min. / le 4 avril 2023
Le personnel du secteur pénitentiaire est "engagé et loyal envers l'institution", mais "en grande souffrance", relève la sous-commission de contrôle de gestion ad hoc. Dans un nouveau rapport, elle pointe du doigt la gestion des ressources humaines du secteur de la détention.

"Notre devoir est de garantir la protection de la personnalité des collaborateurs. Leurs conditions de travail ont une influence directe sur les conditions de détention", a indiqué mardi devant les médias la députée socialiste Nicole Valiquer Grecuccio, présidente de la sous-commission. La commission de contrôle de gestion du Grand Conseil a adopté lundi à l'unanimité son rapport.

Auteure d'un premier rapport en 2019, la sous-commission pénitentiaire a été réactivée en décembre 2021, à la suite d'alertes des cadres de la prison de Champ-Dollon. Ceux-ci se plaignent de ne pas être entendu par la nouvelle direction dans la mise en oeuvre de la réforme "Ambition", alors que l'Office cantonal de la détention (OCD) les accuse d'être "réfractaires" au changement.

Propos dénigrants

La sous-commission a auditionné 26 personnes dans un "climat de grande tension". Selon sa présidente, "les collaborateurs sont engagés, font preuve d'une grande loyauté envers l'institution et aiment leur métier, mais ils sont en grande souffrance." De nombreux cadres ont rapporté des propos dénigrants de la direction de l'OCD à leur encontre: "vieux dinosaures", "bas de plafond", "incompétents".

Les collaborateurs sont engagés, mais ils sont en grande souffrance

Nicole Valiquer Grecuccio, présidente de la sous-commission de contrôle de gestion pénitentiaire

Les psychologues ont aussi émis des alertes sur l'épuisement du personnel et son sentiment de ne pas être reconnu, en vain. "Comme dans le premier rapport, nous avons toujours l'impression que la direction de l'OCD est coupée du terrain", souligne Nicole Valiquer Grecuccio. "Le personnel a été réfractaire aux méthodes top down par un nouveau venu", analyse le commissaire MCG Daniel Sormanni.

Gestion "défaillante"

La réforme a été abandonnée à la suite d'un audit du département de tutelle et un nouveau projet a été remis aux députés fin mars. En outre, les directeurs de Champ-Dollon, Martin von Muralt, et de l'OCD, Philippe Bertschy, ont démissionné. La sous-commission demande toutefois un audit interne sur la gestion "défaillante" et "inadmissible" des ressources humaines dans le domaine pénitentiaire.

>> Relire : Sous pression, le directeur de la prison de Champ-Dollon démissionne

Des directions ad interim sont en place. A deux mois de la fin de la législature, la sous-commission souhaite que le futur magistrat présente sa politique pénitentiaire avant d'engager les nouveaux directeurs. "Nous ne comprendrions pas qu'une décision rapide soit prise. Nous l'avons dit au conseiller d'Etat Mauro Poggia lundi", a indiqué le commissaire PDC Bertrand Buchs.

ats/edel

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