"Au début, c'était considéré comme une cité avec des malfrats, de la délinquance, mais tout cela a disparu et pourtant les gens gardent une mauvaise image, c'est dommage", déplore Jean Pelato, 80 ans, qui vit depuis près de 20 ans aux Avanchets. "Les gens feraient mieux de venir discuter et voir".
Ce quartier se trouve proche de l'Aéroport de Genève. "A part le bruit des avions, c'est tranquille ici", relève-t-il en promenant son chien dans un des parcs arborés de la cité.
Ce retraité s'y plaît. Seul bémol à ses yeux: certains jeunes qui mettent la musique à fond la nuit ou laissent leurs détritus: "Ce sont des incivilités, mais je n'ai jamais vécu d'agression".
Prévenir les conflits
Préserver le vivre-ensemble, désamorcer les conflits dans une cité de plus de 5000 habitants, c'est notamment le rôle des correspondants de nuit, un dispositif de veille sociale et de médiation mis en place par la commune en 2011.
Reconnaissables à leurs uniformes bleus, les correspondants de nuit sillonnent l'espace public chaque soir de 18 heures à 2 heures du matin. Ce dispositif vise aussi à réduire le sentiment d'insécurité des habitants. "Je ne pense pas que ce sentiment est plus marqué aux Avanchets qu'ailleurs à Genève", relève Fanny Barral, responsable des correspondants de nuit de la ville de Vernier.
Elle explique que "beaucoup d'habitants ont compris qu'en cas de nuisances sonores par exemple, il vaut mieux privilégier le dialogue et nous appeler nous plutôt que la police".
Une architecture originale
Outre les dispositifs de cohésion sociale, comme les maisons de quartier ou les équipes de travailleurs sociaux, l'architecture de la cité a elle aussi été pensée pour permettre le "bien-vivre ensemble", relève Giulia Marino, architecte et chercheuse à l'EPFL, qui a co-écrit un ouvrage sur la conception de ce quartier construit dans les années 70.
"L'absence de vis-à-vis, les nombreux espaces verts, les équipements, la surface des appartements, tout cela y participe", explique-t-elle.
Vu du ciel, les Avanchets forment une sorte de papillon, "une implantation qui permet de rompre avec la monotonie des grands ensembles, on ne perçoit pas du tout la densité d'une cité de plusieurs milliers d'habitants".
Fierté d'y avoir grandi
L'inscription des Avanchets à l'inventaire fédéral des sites construits à protéger en Suisse a été accueillie avec fierté dans la cité. Les jeunes rencontrés y voient une reconnaissance: "Des gens nous donnent une fausse image, mais nous on est fiers d'être nés ici", confie l'un d'eux.
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Les jeunes artistes issus de la cité contribuent également à son rayonnement, estime Nasser, travailleur social hors murs pour la ville de Vernier: "C'est une fierté de voir des sportifs, des chanteurs qui viennent des Avanchets".
Les Avanchets seraient donc un terreau pour faire émerger de jeunes talents ? A la boîte à rythme du quartier (cf. vidéo ci-dessus), un studio d'enregistrement mis à disposition par la commune, les jeunes en tout cas veulent faire entendre leur voix.
Katia Bitsch et Guillaume Rey