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Le mort de trop en détention à Genève, clament des associations

Genève: les conditions de détention des migrants en attente de renvoi en cause après un nouveau drame
Genève: les conditions de détention des migrants en attente de renvoi en cause après un nouveau drame / 19h30 / 2 min. / le 10 avril 2023
Un détenu incarcéré dans l'établissement de détention administrative de Favra, à Puplinge (GE), est décédé en fin de semaine. Ce n'est pas la première fois dans le milieu carcéral genevois et beaucoup d'associations estiment que la situation ne peut plus durer.

L'homme détenu à Favra a été retrouvé inanimé dans sa cellule samedi matin, a indiqué le Département de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS) du canton de Genève. Selon les informations de la RTS, il s'agirait d'un jeune Tunisien arrivé dans l'établissement il y a environ un mois et qui venait d'apprendre qu'il allait être renvoyé de Suisse.

"Ça se voyait qu'il était en dépression"

"Il était gentil, sympa, silencieux", a témoigné un autre détenu de Favra dimanche dans le 19h30. "Ça se voyait qu'il était en dépression, pas bien", a-t-il ajouté. "J'ai essayé de le consoler au maximum parce que j'ai senti quelque chose. Pourtant, le matin, ils l'ont retrouvé mort, il s'est pendu."

Et selon ce témoin, beaucoup de détenus sont à bout. "J'ai fait une tentative de suicide aussi et j'ai un ami (…) qui s'est coupé, maintenant il est à l'hôpital", a-t-il confié. "Ça va continuer parce que les gens ont la haine, ils n'ont rien fait, c'est une prison administrative. C'est seulement pour les papiers qu'on est enfermés."

Des décès trop nombreux à Genève

Dans un communiqué, plusieurs associations dénoncent des décès beaucoup trop nombreux dans les prisons genevoises: trois personnes en 2020, cinq personnes en 2021 et trois personnes en 2022. Aujourd'hui, elles demandent une fermeture définitive de la prison de Favra.

"Les autorités doivent assumer qu'une personne est morte dans un établissement qu'elles ont choisi de continuer à exploiter alors que sa fermeture était demandée par la commission nationale de prévention de la torture depuis 2020", a souligné Quentin Markarian, membre de l'Observatoire citoyen des morts dans les prisons suisses.

D'autres mesures que la détention

Pour les associations, les personnes migrantes en attente de leur renvoi ne devraient pas être détenues dans des conditions similaires à une détention pénale.

"Il y a une façon de faire des autorités, de privilégier systématiquement la détention des migrants alors même qu'elles ont à leur disposition plusieurs mesures", a dénoncé de son côté Clémence Jung, coprésidente de l'Association des juristes progressistes de Genève.

Il s'agit de mesures que l'on appelle de substitution. "La plupart des migrants pourraient très bien être assignés à un canton, garder leur espace de vie et un minimum de liberté pour voir leurs proches en attendant que les autorités exécutent leur renvoi", a-t-elle ajouté.

Enquête ouverte par le Ministère public

Malgré les efforts déployés tant par le personnel de l'établissement que par les secours, le médecin n'a pu que constater le décès. Le Ministère public genevois a ouvert une enquête. Le DSPS ne donne aucune autre information en l'état.

L'établissement fermé de Favra a pour mission d'accueillir, pour une courte période, des personnes en détention administrative en vue de leur renvoi dans leur pays d'origine. Cet établissement compte 20 places, selon le site du canton.

oang avec Camille Rivollet et ats

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Mauro Poggia dénonce la position des associations

Interrogé dans le 19h30, le conseiller d'Etat Mauro Poggia a refusé de s'exprimer sur ce cas particulier alors qu'une enquête est en cours. Mais "c'est un drame, aussi pour l'ensemble du personnel", a-t-il souligné.

En charge de la politique carcérale genevoise, il s'en est pris aux "associations qui systématiquement s'opposent à tout ce qui est mis en place pour essayer de construire de nouvelles prisons aux normes actuelles, pour recevoir les gens dans de bonnes conditions".

Ces mêmes associations sont contre la détention administrative "de manière absolue", a ajouté Mauro Poggia. Mais "on comprend bien qu'à un moment donné, le canton doit appliquer le droit fédéral, qui fixe les règles pour une détention administrative."

>> L'interview de Mauro Poggia dans le 19h30 :

Conditions de détention des migrants: l'interview du conseiller d'État genevois Mauro Poggia
Conditions de détention des migrants: l'interview du conseiller d'État genevois Mauro Poggia / 19h30 / 3 min. / le 10 avril 2023

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